"Celui qui se perd dans sa passion a moins perdu que celui qui a perdu sa passion" (St Augustin)

Par rapport à des oeuvres et des auteurs, il faut analyser et discuter cette citation de l'évêque St Augustin.

Bonjour Vanessa. Tu es ma première "élève" en ce début d’année, la rentrée des classes ayant lieu le 5 septembre. Je pense que tu t’entraînes toute seule sur des sujets ? Ce qui me fait dire ça, ce n’est pas seulement le fait que la rentrée n’a pas encore eu lieu; mais c’est surtout ta manière de réagir face au sujet : on voit bien que tu n’as pas encore fait de philosophie.

Il faut faire très attention à ne pas confondre le français et la philosophie, et il va même falloir, douloureusement au début, oublier la méthodologie proprement "littéraire". Je te conseille, pour une première approche, de consulter sur mon site la méthodologie de la dissertation (si tu as davantage de temps, tu peux aussi lire le cours sur la philosophie). Tu y verras que, en philosophie, on ne part pas d’exemples, mais d’une réflexion sur des notions générales (appelées "concepts"), qu’il faut définir et analyser. Ensuite, et alors seulement, tu peux recourir à des exemples –et je précise que les exemples littéraires sont très bien venus, surtout dans une dissertation sur les passions.

Ainsi, normalement, avant de recourir à des auteurs, il faut impérativement analyser la signification du sujet, ce qu’il cache (cf. le "présupposé", toujours dans la méthodologie de la dissertation), quel est son enjeu (réponse à la question : que se passe-t-il, si je réponds oui ? qu’est-ce que je gagne/ perds ? concernant quel domaine …), quel problème philosophique il pose (ça, on ne peut le savoir que si on a étudié les notions fondamentales, dont fait partie la passion).

Je pense donc qu’avant de chercher des "exemples", il te faut analyser, décortiquer le sujet. Je vais t’aider.

"Celui qui se perd dans sa passion" = cela renvoie à la dénonciation traditionnelle, en philosophie, des passions; la passion est assimilée à un délire, elle arrache l’homme à lui-même, en détruisant sa raison; l’homme se définit par autre chose que les passions, il n’en a pas besoin pour vivre, etc.

On voit que St Augustin s’oppose à cette thèse. Certes, il ne dit pas que celui qui se perd dans ses passions n’a rien perdu du tout. Mais il dit qu’il a quand même moins perdu que celui qui a perdu sa passion. Que sous-entend cette thèse, concernant le statut des passions ? La passion est-elle vraiment destructrice de l’homme ? L’homme n’aurait-il pas besoin au contraire de la passion ? Ou bien peut-être, sans aller dans l’affirmation d’une totale positivité des passions, ne faut-il pas dire que la passion ne doit pas être détruite en son entier ? Peut-elle doit-elle être seulement amoindrie, affaiblie ? Peut-être que la "mauvaise" passion n’est que celle qui est excessive ?

Je te laisse trouver le problème (une piste toutefois : il concerne le statut des passions).

Les exemples te serviront à illustrer ces points que tu devras développer. Même la thèse qui ne sera pas soutenue doit être développée, comme si tu y adhérais. Tu dois montrer pourquoi on peut soutenir une telle thèse. Ensuite, tu passes à la thèse inverse, en montrant que la première thèse n’est pas sans rencontrer quelques difficultés (par exemple : réussit-elle vraiment à définir la passion ? ne rate-t-elle pas un de ses aspects essentiels ? etc.).

Sinon, il faudrait que tu lises mon cours sur les passions; il te montrera à la fois comment on réfléchit philosophiquement, et quelles sont les grandes thèses d’auteurs philosophiques, ainsi que les principales définitions des passions. Définition négative des passions : Kant, les stoïciens; définition positive : Descartes, Hume (mais il y en a bien d’autres!).

Voilà pour le moment. J’espère ne pas t’avoir trop "perdue", et si tu as encore besoin d’aide, n’hésite pas à me recontacter !