PHILOCOURS.COM



Accueil
Cours
Corriges
Methode
Dossiers
Liens
Aide Perso
Fiches Bac
Programmes
Bibliographie
Accès Elèves

Questions/ réponses :
155
Date :
25/10/2000

 

Sujet

Y at-il incompatibilité entre science et religion? (Emilie) (TS) (2)

Travail de l'élève

Bonjour, Avec ma soeur Charlotte, on a étudié les modifications que vous nous avez proposées. On a réalisé un second plan, plutôt une ébauche de dissertation. Néanmoins, une partie ne nous paraît pas très convaincante et on a du mal à insérer nos exemples. Si on pouvait avoir votre point de vue sur le sujet, on serait rassurée. MERCI Charlotte et Emilie Terminale Terminale S

Plan

Il s’agit de saisir si il existe un rapport d’incompatibilité entre les domaines science et religion. Si la science désigne les expériences théoriques fondés sur la rationalité. Si la religion désigne les croyances, les rites, les superstitions donc sur l’irrationalité. Est-ce que cela signifie obligatoirement que ces deux domaines seraient incompatibles ? Il le semblerait bien puisque nous sommes en présence de d’un domaine fondé sur le rationnel, sur la preuve et l’expérience et d’un autre domaine fondés sur les croyances donc sur l’irrationalité, la foi. Nous sommes donc confrontés à deux notions complètement opposés et irréductibles lune à l’autre.

Néanmoins, ne peut-on pas constater que ses deux domaines se soumettent l’un à l’autre ? Pour répondre à cette question, ce qui pose problème dan le sujet est le présupposé selon lequel science et religion sont deux domaines complètement contradictoires. Comment expliquer une soumission, d’une part, de la science à certains côtés de la religion, et d’autre part, un discrédit de la science aux superstitions religieuses ? Et enfin, on peut dire que science et religion sont incompatibles si, après tout, on dit qu’elles sont sur le même plan. Peut-être faut-il cesser de juger la religion à partir de critère qui ne sont pas les siens ?

 

Avant de pouvoir déterminer si le rapport entre les deux domaines religion et science est d’incompatibilité ou non, il nous faut d’abord caractériser précisément ces deux notions et voir quelles peuvent être leurs différences.

Qu’en est-il d’abord de la science ? Par définition, la science est une connaissance positive, tendant à établir des relations universelles entre les phénomènes, des lois objectives et reposant sur des critères précis de vérification, sur la mesure, la quantité ... A quoi reconnaît-on qu’une connaissance est scientifique ? Par possibilité de la contrôler par des faits, par des expériences ... La science se fonde donc sur une pensée rationnelle c’est à dire qu’elle est conforme à la rigueur scientifique. C’est une pensée méthodique ordonnée et qui repose sur des principes ( principe d’identité, de contradiction, de raison suffisante et d’égalité des plans ). On peut distinguer différentes sortes de sciences : les sciences empiriques ou expérimentales qui se rapportent à des objets donnés dans l’expérience et se valident par des contrôles expérimentaux, des sciences « formelle » comme les mathématiques et la logique, et des sciences humaines comme l’histoire, la sociologie ...

Maintenant, examinons la religion. La religion, par définition, est couramment définie comme l’ensemble des croyances, des rites. Qu’est- ce qu’une croyance ? C’est un assentiment de l’esprit à une vérité et ce sans justification rationnelle. Par conséquent, la religion est fondé sur l’irrationnel. Il existe de multiples formes de religion dans le temps et dans l’espace. Il n’existe pas une société où l’on ne puisse repérer sous une forme ou sous une autre des manifestations de la vie religiause. Dans un premier temps, la religion ne désignait que la religion chrétienne. Aujourd’hui, le concept de religion s’étend à toutes manifestations dans la vie sociales de rites et de croyances.

Par conséquent, on peut dire que religion et science sont deux domaines irréductibles l’un à l’autre et qu’ils entretiennent évidemment un rapport d’incompatibilité. La science est anti-religieuse par son essence et inversement. Ces deux domaines utilisent différemment la raison : la science est fondés sur le rationnel et la religion sur l’irationnel. Or, ces deux notions nous mène à dire que les deux termes semblent se repousser l’un l’autre, et ce irréductiblement. En effet, l’irrationnel nous renvoie à ce qui échappe à la raison et à ses normes, alors que le rationnel nous renvoie à ce qui est clair , méthodique et expliqué.

Le rapport entre religion et science semble d’être d’opposition. Cette incompatibilité se manifeste sous une utilisation complètement opposée de la raison. Néanmoins, on peut constater une soumission de l’une sur l’autre. ( Cette partie me semble pas très convaincante et surtout j’ai l’impression qu’elle n’est pas associé au reste du devoir ? )

D’abord, la nécessaire soumission de la science aux superstitions religieuses. Voyons précisément que la science s’assimile pourtant par certains côtés à la religion. La science est limité à l\'explication des faits sans qu\'elle puisse apporter des éléments de réponse aux questions existencielles qu’elle se pose. Par exemple, sur le sens ultime de l’univers, sur le pourquoi des choses. L’expérience, la démarche scientifique c’est à dire la pensée rationnelle ne peut pas tout expliquer et tout démontrer par des preuves. C’est impossible de répondre aux questions métaphysiques. En étudiant un extrait de La Crise des sciences européennes de HUSSERL, on comprend les réels limites de la science. Il indique que les sciences du corps et les sciences de l’esprit par exemple ont une approche réductrice de l’homme ( dans ce texte, l’homme est le sujet des expériences ) car au nom de leur « scientificité » elles se veulent neutres donc objectifs et donc elle ne permet pas à l’homme de l’éclairer sur le sens et la valeur de leurs actions. Par conséquent, seule la dimension morale et spirituelle c’est à dire les croyances donc la religion est à même d’apporter un sens à l’existence humaine par exemple. Donc, la science doit accepté par certains côtés la religion.

Puis, on constate aussi que la religion s’assimile par certains côtés à la science. Sur des points aussi sensibles que l’astronomie, l’évolution des espèces ou de la médecine, la méthode scientifique est venue à bout des superstitions d’ordre religieux. Pour RUSSEL Religion and Science , la science a toujours été en guerre contre la religion même si les hommes de science ne prennent pas directement part à ce combat. La diffusion de la mentalité scientifique a non seulement permis d’approcher toujours davantage de la vérité, mais elle a contribué également à améliorer les conditions de vie des hommes. Darwin a dépassé, par sa théorie de l’Evolution des Espèces, le fixisme traditionnellement adopté par l’Eglise selon lequel les individus ont été crées séparément et en une fois. Cependant, science et religion sont incompatibles si, après tout, on dit qu’elles sont sur le même plan. Peut-être faut-il cesser de juger la religion à partir de critère qui ne sont pas les siens ?

Aristote définie la métaphysique comme une « Science de l’être en tant qu’être » : Elle étudie ce qui fait qu’il est un être. On peut qualifier l’être selon la substance, la qualité, selon la quantité ...La métaphysique est une science théologique. Elle apparaît comme la science suprême ayant pour objet l’absolu, le fondement inconditionné des choses. Cette science cherche à déterminer l’essence de l’être. Les scientifiques utilisent la métaphysique. Or, cette science de l’être en tant qu’être n’est - elle pas irrationnelle tout comme la religion ?

Alain, selon Auguste Comte, tient les religions comme des contes dans lequel il ne faut chercher aucune vérité factuelle mais qui sont le vêtement d’une éthique. Ainsi, il peut dire à la fois que les religions ne sont ni raisonnables ni croyables et qu’elles sont toutes vraies. Si en effet on pouvait se prouver par la raison, sous la forme strictement logique et empiriques, alors sans doute Dieu ne serait pas Dieu, et il n’y aurait plus de foi ni de croyance en Dieu. La croyance en Dieu est une affirmation de base qu’on accepte sans preuves. La croyance en Dieu est une question de confiance, d’amour, de donation de soi, de choix existentiels... La raison n’a pas le rôle de validation ou de justification de notre croyance, mais elle sert seulement à parler de celle-ci, de ce à quoi on croit. Par ailleurs, La religion est-elle si irrationnelle que cela ? La religion s’appuie sur ses croyances. Or, toutes les croyances ne peuvent être dites toutes irrationnelles. Nous venons de dire qu’elles sont toutes plus ou moins irrationnelles. Mais insistions maintenant sur le plus ou moins qui est ici important. Le phénomène de croyance n’est en lui même nullement oposé à la raison ou au savoir. Elle apporte des réponses à toutes les angoisses, à toutes les inconnues de l’existence, et a donc une fonction apaisante. Elle fournit un équilibre vital à l’homme, au sujet qui y croît et en ce sens on peut dire qu’elle est rationnelle du moins pour ce sujet. Pour Pascal, la religion est le seul vrai remède. Donc, la religion peut être jugé sur d’autres critères qui se définissent sur un autre plan que la science.

 

Réponse

Bonjour. Je vais essayer de commenter votre copie (la prochaine fois, envoyez la en format word, comme ça, je peux l'annoter en rouge). L'ensemble est pour le moment "correct", mais il y a quelques défauts; le principale consiste en ce que vous ne développez pas assez.

L'introduction :

- attention, je vous l'avais déjà dit je crois, "religion" n'est pas synonyme de "croyances" ; que ce soit ici ou ailleurs dans votre devoir, il faut définir la croyance religieuse

- le deuxième § de l'intro est dans l'ensemble assez "mal dit", et pour tout dire, confus; on ne voit pas assez quel est le problème qui se pose. Votre première phrase devrait être une question, ce n'est en fait qu'un constat; suite à cela, on attendait un exemple (qui aurait eu la fonction d'un contre-exemple). Là, on ne voit pas pourquoi vous dites ça !

Partie I (intéressante)

- 1er § : c'est bien comme ça qu'il faut procéder, mais en développant davantage. Quand vous dites " à quoi reconnaît-on...", vous ne répondez pas assez, vous allez beaucoup trop vite. Ajoutez quelques exemples (par exemple : le contrôle par l'expérience : un exemple; et une explication : pourquoi cela rend-il une connaissance scientifique ?). Le passage à "..donc sur une pensée rationnelle" est lui aussi rapide et du coup, pas très logique : pourquoi est-elle rationnelle ? Qu'est-ce que la raison (scientifique) ? vos exemples de sciences : qu'apportent-ils ? mieux valait, vraiment, à la limite, commencer par ces exemples, et dire en quoi ce sont des sciences, en explicitant bien chaque caractéristique.

- 2ème § : quelles croyances ? qu'est-ce qu'un rite ? Là, vous donnez la définition générale de la croyance, ça n'apporte pas grand-chose pour savoir ce qu'est la croyance religieuse ! Pourquoi la religion est-elle irrationnelle ? C'est un irrationnel faible, que vous prenez là (ne pas être fondé sur la raison); il y en a un plus fort, et si vous ne le voyez pas, c'est que vous n'avez essayé d'opposer la religion qu'à l'un des aspects de la science : la raison; vous avez oublié le contrôle par l'expérience, le rôle de la preuve; là, vous pouviez développer l'aspect "superstition" (d'ailleurs : vous n'avez jamais, dans votre devoir, défini la superstition, ni les rites, etc. : vous tenez donc pour acquis ce qu'est la religion, ce qui est anti-philosophique). Enfin, ici, vous Parlez des rites, de l'aspect social de la religion : ne faut-il pas attendre avant d'en parler ? N'est-ce pas par là, en effet, que vous pourrez nier l'incompatibilité ? (car pas même fonction). Mais je vois que vous n'avez toujours pas discuté de la question de savoir si religion et science ont ou non la même fonction : demandez-vous si la croyance religieuse comporte des éléments visant à dire comment est le monde (cf. Bible...; l'affaire Galilée, etc.)

Partie II

- la transition : passage trop brutal à la thèse inverse : ce qui ne va pas, ici, c'est tout simplement que la deuxième partie est mal introduite : il faut d'abord invoquer, soit un contre-exemple annonçant cette seconde thèse, soit une difficulté dans votre précédente analyse

- 1er § : il faut vous poser une question;donner un nouvel aspect de la science (commencez par le § sur Aristote, pour le définir, il n'a rien à faire là où vous l'avez mis !) et... le comparer à un nouvel aspect de la religion... ici, vous avez "tout faux", si je puis dire, car vous parlez de la "superstition religieuse" : mais non, voyons, il ne s'agit pas du tout de ça ! Il s'agit maintenant de l'aspect existentiel de la religion, que vous devez développer. Tout comme il s'agira aussi de l'aspect pas toujours vérifié ou vérifiable de la science (voyez, dans mon cours sur la révolution copernicienne, partie II, comment les premiers scientifiques se sont mis à croire à la théorie de Copernic ! Ce n'est pas nécessairement rationnel !).

- le 2ème § n'a pas vraiment de lien avec votre propos ; en plus du fait que votre développement ne développe pas du tout l'idée que vous prétendez ici démontrer, à savoir, que la religion s'assimile par certains côtés à la science ! Vous voulez dire "finit par la rejoindre" ? Finit par dire comme elle ? On ne voit pas trop. En tout cas, ce § n'a donc pas sa place ici. Soit vous le mettez en troisième grande partie, soit en deuxième partie, avant celle-ci donc. Ce serait l'endroit, un peu oublié, dans lequel vous vous demandeze s'il est ou non à propos de comparer science et religion : sont-elles toutes deux le même genre d'entreprise ? Ont-elles la même fonction ? La religion se veut-elle une connaissance ? ....

- dernier § : ces idées sont à mettre à la suite de votre 1er §, ou bien, en tout cas, à mettre dans la même grande partie. Insistez sur l'aspect social, existentiel, de la religion. Fouillez davantage, encore une fois, vos idées. Attention à l'utilisation des auteurs : c'est vague, ici ! Développez leur pensée, dites dans quelle oeuvre l'auteur dit que...

J'espère avoir répondu à vos attentes. C'est sévère, mais c'est normal, je juge de votre devoir en me référant au devoir idéal. Essayez d'améliorer ce qui vous paraît le plus "facile", sans changer entièrement votre devoir, qui me paraît par ailleurs, ne vous inquiétez pas, prometteur. La démarche de démonstration est tout de même présente, et comprise, me semble-t-il. Vous progresserez en suivant les conseils ici présents... Bonne chance ! Et n'hésitez pas à me transmettre votre nouveau travail !

Travail précédent


précédente
retour liste
suivante
retour accueil

cette page fait partie du site philocours.com

© philocours.com