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DOSSIER THEMATIQUE : CINEMA ET PHILOSOPHIE

Merleau-Ponty, Le cinéma et la nouvelle psychologie : que veut dire le film ?

(Conférence du 13 mars 1945 à l'institut des études cinématographiques, parue dans Sens et Non Sens)

page créée le 24/06/2004

dernière modification le 1/ 07/ 2004

 

Résumé: Cette conférence de Merleau-Ponty porte sur la perception du film, en rapport avec la (nouvelle) psychologie de la perception, la psychologie de la forme, qui s'oppose à l'ancienne théorie intellectualiste(« le film est objet à percevoir »). Cette nouvelle psychologie permet de dire quelle est la nature et la signifcation du film (« c’est par la perception que nous pouvons comprendre la signification du cinéma, il se perçoit et ne se pense pas »). Et, réciproquement, c’est le cinéma qui permet de bien comprendre la nouvelle psychologie –un film n’est pas en effet une somme d’images, mais une structure, une organisation, une forme.

liens associés

- dissertation : art et philosophie

- cours : la théorie intellectualiste de la perception chez Descartes (l'épisode du morceau de cire)

- fimographie sur le thème de la condition humaine

- filmographie sur le thème : le cinéma permet-il de montrer ce qui ne peut se dire ? (notamment, cf. le film Elephant)

- Chris Marker, La Jetée

- Platon, le Sophiste

Plan de la Conférence

I- La perception

1) sentir et percevoir selon l'ancienne et la nouvelle psychologie : percevons-nous une somme de sensations séparées les unes des autres, dont l'unité est alors à construire ? (ancienne psychologie, cf. Descartes) ou bien percevons-nous des globalités ? (nouvelle psychologie, celle de la Forme)

2) le rôle du sujet dans la perception

3) la nature d'autrui (à la fois l'autre sujet percevant, et l'autre objet de ma perception)- ici, l'auteur va opposer faits psychiques et comportements (abolition de la distinction classique intérieur/ extérieur)

II- Le cinéma

1) le film est une forme (l'image et le son au cinéma)

2) que dit le film ? dit-il quelque chose de précis ? ou ne renvoie-t-il qu'à lui-même ?

3) cinéma et philosophie

 

 


Introduction

  • Qui est Merleau-Ponty ?

Oeuvre majeure : La phénoménologie de la perception (1945)

 

  • Qu'est-ce que la phénoménologie ?

Il s'agit de penser "autrement" les rapports du sujet et de l'objet. "Autrement" que quoi ? Ou que qui ?

    • Cf. philosophie classique, conceptuelle et "analytique",
    • la science

     

  • La thèse

Le film est une Forme aussi bien visuelle que sonore, et cette Forme n'est pas réductible à une somme quantitative d'images et de sons. Le cinéma est un moyen d'appréhender le monde extérieur et nous apprend quelque chose sur notre relation à ce monde. Le cinéma est donc un art philosophique par excellence !

 

I- La perception (en travaux)

Pour le moment : consultez le cours sur la perception, où j'oppose Bergson à Descartes. Merleau-Ponty, comme Bergson, s'oppose à la théorie intellectualiste de la perception, qu'il nomme d'ailleurs ici la "psychologie classique". Pour Merleau-Ponty, contrairement à Descartes, la perception n'a rien d'intellectuel, elle n'est pas de l'ordre du jugement, elle est immédiate et non médiate. Ce qui signifie que nous avons affaire directement au monde, que nous sommes immergés dans le monde, et que la perception est synthétique, non analytique. Cela implique bien entendu de rejeter également le dualimse cartésien, ou, la distinction âme et corps. (cf. le concept de "chair").

 

II- Le cinéma

La nature du film, du cinéma en général, et même finalement de l'art, va être éclairée par la nouvelle psychologie. Pourquoi cela est-il possible ? Parce que le film est un objet à percevoir...

1) Le film est une Forme

Le film est constitué d'images et de sons.

  • L'image au cinéma

Cf. psychologie de la Forme : le film n'est pas une somme d'images isolées ou indépendantes. Le film est une Forme, et une "forme extrêmement complexe". Une image ne peut être isolée des autres, et la succession des images crée une réalité nouvelle. Le film est donc une unité (cf. "unité mélodique"). Il faut plutôt parler de rythme. Ce qui caractérise en propre ce rythme du film, c'est le retentissement de chaque vue sur l'ensemble (cf. permanence), mais aussi, l'ordre des images, ainsi que la durée. Ordre, durée, permanence, caractérisent les images du film.

La Forme du film détermine la place de chaque image.

  • Le son au cinéma

Le son est également une forme. Comme dans l'image, Merleau-Ponty va ici insister sur le rythme du son. Seulement ce rythme n'obéit pas aux mêmes lois que celles qui régissent le rythme de l'image. Le rythme du son renvoie, non plus à des propriétés du temps, mais de l'espace. Cf. coexistence, simultanéité. Le son, nous dit Merleau-Ponty, doit nous faire sentir "la coexistence et la simultanéité des vies dans le même monde".

  • L'image et le son

Ils ne sont pas indépendants, et forment un tout irréductible à la somme de leurs parties. Leur union n'est nullement accidentelle. Le son au cinéma, c'est d'abord les dialogues (ceux des personnages, et/ ou ceux du narrateur); ensuite, celui de la musique.

    • Merleau-Ponty explore donc d'abord cette union son/ image à travers l'analyse du dialogue. Selon lui, le dialogue ne doit pas raconter, exposer. Cela reviendrait en effet à surajouter le son au film. Ce qui l'intéresse primordialement, c'est le dialogue comme débat entre les personnages. Ce dialogue permet une alternance spécifique entre son et silence (intervention de la suggestion). (Critique : Comment se fait-il alors que de nombreux films ont recours à cette "méthode" ? Cf. Chris Marker, La Jetée; que dire encore de la technique du flash-back ?).
    • La musique de film n'est pas non plus un simple accompagnement, mais participe du mouvement même du film, lui donne même tout son mouvement (cf. les films de Sofia Coppola, Virgin Suicides et Lost in Translation !). La musique de film rend perceptible le rythme des images.

Bref : le film est un tout, et ce tout est significatif. Mais que dit le film ? Ou plutôt que signifie-t-il ?

 

2) Le film est-il au service de l'Idée, de la réalité, ou du concept ? ou bien n'a-t-il d'autre fin que lui-même ?

  • L’art, le cinéma, le film, n’est, ni message intellectuel, ni description réaliste.

    a) S’il y a toujours dans un film une histoire et souvent une idée, la fonction du film n’est pas, toutefois, de nous faire connaître les faits ou l’idée.

Tout film comporte donc :

    • des événements
    • pas de plan fixe : le cinéma se caractérise par le mouvement; pourquoi le mouvement ? parce que le cinéma :
      • parle des relations entre les hommes, et a pour vocation de nous "montrer" la condition humaine
      • le cinéma doit faire illusion (paraître "réaliste")

(de nouveau, Merleau-Ponty a une conception du film réductrice ! regardez la Jetée de Chris Marker ! au début c'est très déstabilisant tous ces plans fixes et la présence du narrateur -pas de dialogues!-, mais ce film est de l'art !)

b) L’art cinématographique ne consiste pas à décrire plus ou moins didactiquement des choses, à exposer des idées, etc., mais à faire surgir la "fonction imageante". Autrement dit : il n'a pas de fonction de connaissance.

(cette thèse permet de défendre le film de Gus Van Sant, Elephant !)

Merleau reprend ici la thèse de Kant : « dans l’art l’entendement travaille au profit de l’imagination ». Il y a comme chez Kant un fossé entre l’art et la sphère de la connaissance. Dans l’art, la puissance conceptuelle, contrairement à ce qui se passe dans la connaissance, a seulement pour but de faire émerger pleinement l’imagination. S’il y a des concepts dans l’art, c’est seulement afin de procurer une satisfaction à travers le jeu de l’imagination. De même, les faits sont utilisés « pour autre chose », ce sont des « emblèmes sensibles ». L’idée, comme les faits, sont donc là pour l’imagination. Il s'agit d'éveiller notre "pouvoir de déchiffrer tacitement".

Merleau-Ponty dresse une réflexion intéressante sur la notion de "réel" au cinéma (et donc sur l'art comme illusion). Le réel du cinéma est plus réel que le réel "quotidien", et cela, parce qu'il n'est pas réel... Cf. la réflexion sur l'image que conduit Platon dans le Sophiste.

  • Le film est auto-référentiel

Puisqu’un film ne consiste pas à nous faire saisir des idées ou des faits, sa signifcation n’est pas réductible à celle d’une idée transcendante : elle est immanente à son mouvement régulier, à son « tempo » ; l’idée est bien exprimée mais dans son émergence, comme active. Ainsi le film ne renvoie qu’à lui-même, à des images, à des symboles, etc.

 

3) Cinéma et philosophie

Pourquoi le critique d’art peut-il si facilement, à propos d’un film, évoquer la philosophie ? C’est que, selon l’auteur, le cinéma nous présente immédiatement la conscience jetée dans le monde. « Le cinéma est particulièrement apte à faire paraître l’union de l’esprit et du corps, de l’esprit et du monde, et l’expression de l’un dans l’autre ». Le cinéma nous donne à voir l'intériorité des personnages directement, par la perception du comportement. Il est donc une sorte de "preuve" du bien-fondé de la nouvelle psychologie, et/ ou de la phénoménologie.

Comment pourtant rendre compte d’un rapprochement possible entre art et philosophie, alors que l’auteur insiste pour dire que l’art n’est pas exposition d’idées ? Tout simplement en insistant sur le fait que la philosophie contemporaine n’est pas enchaînement de concepts, mais cherche à décrire le mélange de la conscience avec le monde, son engagement dans un corps, sa coexistence avec les autres, et « ce sujet-là est cinématographique par excellence ».

Ainsi cette nouvelle philosophie s’est-elle développée à l’âge du cinéma ; toutefois, aucun ne vient à proprement parler de l’autre. La philosophie ne vient pas du cinéma au sens où elle le traduirait sur le plan des idées.

 

 

 

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