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Corrigé du texte d'Alain sur la conscience

page créée le 25/02/2013

 

 

Résumé: ceci est une bonne copie d'élève. Veuillez excusez les quelques fautes d'orthographe.

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ALAIN, Manuscrits inédits, 1928 in Philosophie, Textes choisis pour les classes
P.U.F. éd., tome II, p. 137-138


Dans le sommeil, je suis tout ; mais je n'en sais rien. La conscience suppose réflexion, division. La conscience n'est pas immédiate. Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je distingue Sujet et Objet, Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et mon sentiment. Moi et mon idée. C'est bien le pouvoir de douter qui est la vie du moi. Par ce mouvement, tous les instants tombent au passé. Si l'on se retrouvait tout entier, c'est alors qu'on ne se reconnaîtrait pas. Le passé est insuffisant, dépassé. Je ne suis plus cet enfant, cet ignorant, ce naïf. Ce moment-là même j'étais autre chose en espérance, en avenir. La conscience de soi est la conscience d'un devenir et d'une formation de soi irréversible, irréparable. Ce que je voulais, je le suis devenu. Voilà le lien entre le passé et le présent, pour le mal comme pour le bien. Ainsi le moi est un refus d'être moi, qui en même temps conserve les moments dépassés. Se souvenir, c'est sauver ses souvenirs, c'est se témoigner qu'on les a dépassés. C'est les juger. Le passé, ce sont des expériences que je ne ferai plus. Un artiste reconnaît dans ses oeuvres qu'il ne s'était pas encore trouvé lui-même, qu'il ne s'était pas encore délivré ; mais il y retrouve un pressentiment de ce qui a suivi. C'est cet élan qui ordonne les souvenirs selon le temps.

 

 


 

Dans ce texte, Alain tente de nous montrer comment la conscience se constitue. L’auteur se demande à quelles conditions on peut ou non parler de conscience, comment celle-ci évolue à travers le temps, il tente aussi donc de développer la question de l’identité personnelle. Il avance dans ce texte que selon lui, notre conscience est en devenir permanent et donc que le moi ne sera jamais totalement construit. De plus, il montre l’intérêt du passé dans son évolution.
Des lignes 1 à 3, Alain nous présente ce qu’est, selon lui, la conscience, à l’aide d’un contre-exemple, celui du sommeil, afin de nous montrer que celle-ci n’est pas immédiate et qu’elle suppose une forme de réflexion. Suis-je moi-même simplement et directement ? Puis, Il nous montre des lignes 4 à 7 que notre « moi » évolue le long de notre existence, que la conscience s’acquière au fil du temps et que l’on ne vit pas dans un moi passé, car la conscience n’est elle pas, par définition, une conscience en devenir ? Aussi, il évoque l’idée selon laquelle nous sommes libre en devenir. Cependant il insiste sur le fait que nos actes passés se conservent dans le moi et donc que le moi ne se résolue pas à s’appuyer uniquement sur des évènements présents, des lignes 7 jusqu’à la fin. En effet, la conscience n’est elle pas constituée sur la durée ?

Partie I (lignes 1 à 3) : définition de la conscience


Dans un premier temps, des lignes 1 à 3, l’auteur tente de définir la conscience en l’opposant à l’état de sommeil. Formée sur le mot science et cum (avec), la conscience signifie le fait d’avoir une présence à soi et aux choses qui nous entourent. C’est ce qu’il cherche à nous montrer, que la conscience est un rapport entre le moi et un monde extérieur. Il nous explique que la conscience suppose une forme d’opposition entre moi et le monde, que par la conscience je dois pouvoir distinguer à la fois ce que je suis, moi et ce qui s’avère être des éléments extérieurs à moi-même. D’abord, voyons comment l’auteur définit l’état de sommeil en lui même, et à quoi il l’assimile. Alain nous dit seulement que « Dans le sommeil, je suis tout ; mais je n’en sais rien. ». Ses propos s’apparentent aux thèmes de l‘inconscient. La personne endormit n’est plus consciente, c’est à dire qu’elle ne se rend pas compte, elle n’a pas conscience qu’il y a un monde autours d’elle, et dans lequel elle est présente. On peut dire qu’elle ne se distingue plus, qu’elle ne fait plus cette opposition entre le monde et elle même. Alain explique que, en l‘état de sommeil, L’individu est condamné à méconnaître ce qui le constitue et que, de plus, il devient incapable de maîtriser le sens réel de ses propres manifestations. Dans le sommeil, l’individu est lui, tout entier, mais il n’a pas la capacité s’en apercevoir et de le ressentir. Ce qu’il cherche à nous dire est le fait que dans un état qui n’implique pas une forme de conscience, on ne peut pas ou plus se rendre compte de qui l’on est, de ce que l’on fait. De ce fait, Alain nous dit que dans le sommeil on est « tout », c’est à dire que l’on est soi même a part entière mais aussi que l’on n’est « rien », du fait que l’on n’a pas conscience d’être nous et de faire partie d’un monde, autrement dit ce « tout » est là, bien présent, mais la conscience qui nous aide à nous en rendre compte, elle, n’est plus là, étant donné que nous sommes inconscient, ce qui fait qu’on ne sait « rien » de ce « tout ». C’est que pour cela que, plus tard dans le texte, Alain nous dit que la conscience « suppose réflexion, division […] elle n’est pas immédiate. » Ici , l’auteur introduit les termes de conscience réfléchit et immédiate. La conscience immédiate implique le fait se rendre compte de la présence des choses dans le monde, tandis que la conscience réfléchie, elle, est le fait de d’être conscient et de savoir que nous le sommes (Je suis conscient de ce que je vois en même temps que de voir). C’est-à-dire que d’une part, la conscience permet de se retourner sur elle-même ce qui permet à l’être conscient une critique sur lui-même et ses actes, mais aussi, d’autre part, que la conscience, qui est le fait de percevoir le monde extérieur, c’est-à-dire la distinction du sujet qui n’est pas objet, est une présence au monde qui implique une opposition claire entre soi et le reste. la conscience est aussi une capacité d’analyse. Alain nous montre clairement ce qu’est la conscience selon lui avec une énumération d’opposition; « Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et mon sentiment. Moi et mon idée. ». Enfin, avec la phrase; « C’est bien le pouvoir de douter qui est la vie du moi », Alain renforce l’idée évoquée d’une différenciation sujet/objet en nous renvoyant directement au cogito cartésien de Descartes, son maître penseur. Car en effet, « je pense donc je suis », ainsi, l’existence humaine est capable de saisir dans la conscience qui accompagne chacune de ses pensées, contrairement au monde extérieur, composé d’objets. Pour expliquer les paroles d’Alain, plus je doute, plus je suis sur qu’il y a quelque chose qui doute et donc que je pense, ce qui me ramène a la certitude d’être moi.

L’auteur dans cette première partie, tente donc de définir la conscience (psychologique), celle-ci se comprenant selon deux dimensions; d’une part, elle nous donne un savoir concernant nos actes et d’autre part, elle nous donne le sentiment d’être un moi singulier, le sujet s’affirme en s’opposant à tout ce qui n’est pas singulier. Mais ce moi que je suis, est il un moi inné, constant ou est-ce que ce moi est sans cesse remodelé ? Autrement dit, suis-je le ou la même tout au long de ma vie ou ce moi d’un jour évolue-t-il au fur et à mesure du temps ?

Seconde partie (lignes 3 à 7) : la conscience et l’identité personnelle : suis-je le ou la même tout au long de ma vie ou ce moi d’un jour évolue-t-il au fur et à mesure du temps ?


C’est pour répondre à cette question, dans cette deuxième partie, de la ligne 3 à la ligne 7, que l’auteur aborde la notion d’identité personnelle. L’identité personnelle, c’est un sentiment interne, c’est le fait d’avoir la capacité de se dire, je suis moi, c’est un sentiment de singularité et d’individualité profond. Je ne suis pas comme un autre, je suis unique et donc je suis moi. Mais comment ce construit ce moi ? Suis-je toujours exactement la même personne tout au cours de ma vie ? La simple phrase d’Alain, « Si l’on se retrouvait tout entier, c’est alors qu’on ne se reconnaîtrait pas », est une réponse négative. Pour Alain, notre moi évolue, même si nous restons une personne similaire. A travers ces mots on comprend que pour l’auteur notre existence est faite de plusieurs moi qui se substitue un à un et à tour de rôle. Si nous rassemblions tous nos moi à un même moment précis, si nous rassemblions tous les éléments qui nous ont servis un jour à se forger et à faire évoluer notre conscience, nous serions perdus car il y aurait trop de facettes de notre personnalité, toutes mélangées, parfois voir même opposées selon le degré de changement de caractère d’une personne au cours de sa vie. Chaque être doté d’une conscience ne fait il pas dans ce cas l’objet d’une forme de négation sur son passé ? « Le passé est insuffisant, dépassé. », nous dira Alain. Quand l’auteur dit qu’il n’est plus « cet enfant, cet ignorant, ce naïf » et que « ce moment là même » il était « autre chose en espérance, en avenir », cela veut dire que notre propre identité, qui est une donnée première de notre rapport au monde et à notre existence, et donc qui suppose une conscience, elle-même basé sur des faits passés, est une chose en constance mouvance qui évolue tout au long de l’existence. Je ne suis pas celui que je serais et je ne suis pas non plus celui que j’étais. Alain a développé l’idée selon laquelle toute conscience est attente, et anticipation. « Ce que je voulais, je le suis devenu. », ces mots d’Alain nous renvoie directement a Sartre. Il soutient la thèse selon laquelle c’est l’homme lui-même qui, en choisissant sa conduite, donne sens à sa propre existence. Cette phrase est une phrase similaire à celle illustrant la théorie de Sartre: « L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait. ». Nous sommes responsable de nos actes, nos actes influent ce moi en devenir et donc notre conscience, on devient donc celui ou celle que nous avions choisit d’être. Alain renforce cette idée dans la prochaine phrase, « Voilà le lien […] pour le mal comme pour le bien ». Cela implique le fait qu’il croit que chaque homme se doit d’assumer ce qu’il est devenu. En effet, on constate ici que pour Alain, le sujet est fondamentalement liberté, c’est-à-dire « mouvement vers », engagement dans un projet où s’actualise sa liberté. Celle-ci étant par principe absolue, puisqu’il n’existe pas de normes transcendantes pouvant orienter l’action (a priori), elle s’accompagne d’une responsabilité également totale. Cette thèse va donc à l’encontre de l’inconscient tel que le propose Freud. Pour Alain, l’autonomie du sujet est une évidence, une personne mauvaise a choisit d’être comme cela, par ses actions, son passé. Avec l’utilisation de l’expression « le lien entre le passé et le présent », l’auteur renforce l’idée de l’évolution dans la continuité de notre moi en appuyant le fait que le passé soit le fondement de notre existence et que le présent soit le moment de notre existence, ces deux dimensions de la vie sont corrélés et interviennent à elles deux sur la construction de la conscience.


Bien que je continue de prendre de l’âge et d’évoluer, bien que je ne cesse de changer, dans ma façon d’être par exemple, je demeure la même personne, le même moi. Mais qu’est-ce que cette forme d’identité appelée « moi » ?

Troisième partie (lignes 7 jusqu’à la fin) : la conscience et le refus du passé


C’est à cette question que répond l’auteur dans la dernière partie, de la ligne 7 jusqu’à la fin du texte. Alain aborde ainsi la question de la conscience et du temps, il tente de démontrer le lien qui unit nos actes passés à un soi présent, mais plus dans le détail cette fois ci, contrairement a la seconde partie ou il ne s‘intéressait pas beaucoup à son importance, il accorde dans cette dernière partie beaucoup de valeur au rôle du passé dans notre conscience en devenir. Tout d’abord, Alain nous dit que « le moi est un refus d’être moi, qui en même temps conserve les moments dépassés. ». Ici, l’auteur nous explique notre moi se construit sur une période indéfinie ( jusqu’à notre mort vraisemblablement puisque chaque acte de notre vie joue sur notre identité et donc notre moi, en le changeant plus ou moins, en le faisant évoluer), et donc que ce moi, qui va changer au cours du temps, et un refoulement d’un moi passé où le moi présent, et sans cesse en mouvement, va venir interférer sur ce moi dépassé. Mais notre soi présent n’est t’il pas influencé par nos actions passés ? En effet dans cette phrase il nous dit aussi que ce moi présent contient des éléments du passés, notamment contenu dans l’inconscient, dans ce qu‘on va plus précisément appelé la mémoire, et que ceux-ci participent aussi activement a l’évolution de notre identité. Et c’est cette mémoire qui accompagne nos conduites pour constituer notre personnalité comme une continuité sans faille. Cette forme d’identité appelé moi est donc, selon Alain, un moi qui s’affirme sans cesse et auquel tous nos actes confondus apportent une modification. Le moi est selon Alain en mouvement permanent, en constante évolution. Aussi, on constate que l’auteur souligne l’importance du fait de se remémorer le passé, sans pour autant vivre dans le passé avec la phrase : « Se souvenir, c’est sauver ses souvenirs, c’est se témoigner qu’on les a dépassés. ». En effet, nous avons besoins de garder nos actes et notre vie passés en mémoire afin de s’assurer que notre conscience, notre soi, est entier. Car le déploiement vers une autre chose que soi n’est possible qu’en s’appuyant sur le passé, sur l’avoir été. L’homme comme « existant » et comme conscience est toujours un « être-déjà » dans le monde. Mais Alain insiste surtout sur le fait que de ne pas vivre sur des souvenirs est la preuve que l’on a un retour sur soi même, propre a notre conscience, puisque selon lui nous pouvons, au fil du temps, apporter une critique sur nos souvenirs, « les juger » et donc les « dépasser ». On peut changer d’avis sur des expériences acquises, ce qui explique que « Le passé, ce sont des expériences que je ne ferais plus. »
Avec l’exemple de l’artiste utilisé par Alain, on peut parler d’une sublimation de l’inconscient à travers l’art. En effet, l’artiste exprime son inconscient par son art mais ne s’en rend compte qu’une fois sur la toile. L‘artiste élabore son œuvre, sans toujours savoir ce qui l‘a poussé à la réaliser d‘une telle façon ou d‘une autre, c’est la manifestation sensible d’une idée, dont on ne connaît pas la signification avant de lui avoir donné vie, « Un artiste reconnaît dans ses œuvres qu’il ne s’était pas encore trouvé lui-même […] mais il y retrouve un pressentiment de ce qui a suivi. ». Quand l’artiste donne jour a une œuvre, c’est comme si il ne savait pas le pourquoi de sa production mais c’est après lui avoir donné l’interprétation souhaité, qu’il en déduit le sens ainsi que se qui a commandé et guider sa conception. Pour Alain, l’artiste est en premier lieu un simple spectateur de son œuvre, avant de percevoir le message qu’il s’est proprement envoyé. C’est en regardant sa propre production et donc en se trouvant face à une partie de lui-même qu’il n’avait jusque là pas décelé, que l’artiste prend conscience de chose en lui, sur lui, c’est le contenu latent de l’œuvre, qui peut s’appliquer à toute production de l’inconscient. «C’est cet élan qui ordonne les souvenirs selon le temps. » signifie que c’est un projet quelconque qui oriente l’action et la pensée et qui donne sens au passé, c’est-à-dire à l’acquis, afin de constituer le présent, même si ce dernier reste introuvable. On peut dire que le temps est la dimension selon laquelle l’homme déploie son activité pour faire œuvre.

L’auteur termine donc son texte en nous rappelant que l’être conscient n’existe qu’en tant que projection dans telle ou telle figure du temps.

La réponse de l’auteur au questions posées est donc que toute conscience est anticipation et attente et donc qu’elle n’est pas spontanée. De ce fait il nous indique aussi que notre moi évolue constamment, qu’il n’est jamais figé. Selon lui, la conscience est temporalité, elle est en devenir. Alain ne le mentionne pas explicitement, mais on peut comprendre que le futur est le lieu privilégié de notre conscience. Et c’est d’ailleurs ce que je pense, car après tout, le futur n’est il pas l’horizon de la conscience ? N’est il pas son lieu privilégié ? Je pense que si, que même si le passé est son fondement et le présent sont moment, c’est avec une projection dans l’avenir que notre conscience avance. Je pense que contrairement à ce que suggère la flèche du temps, c’est le futur qui est prioritaire pour déterminer la conscience.

 

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