L'Existence L'origine des choses - La Théologie Transcendantale dans la Critique de la raison pure (en travaux)

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Cours

Le texte se présente comme un enchaînement de trois questions : la deuxième contredit la première, et la troisième revient à la première, en lui donnant un autre sens. C’est au premier abord une critique de tous les anthropomorphismes, mais pourtant Kant assumera finalement la responsabilité de la légitimité de l’anthropomorphisme.

La question initiale du texte est celle de savoir comment il est possible de se référer à l’existence de quelque chose de distinct (il ne parle pas de Dieu) du monde. Il s’agit de poser une existence. il y a quelque chose de distinct, qui existe, mais qui n’est pas une substance.

Le thème du texte est celui de savoir quel mode de représentation la raison humaine doit se faire de ce qui est communément appelé Dieu.

Il va s’avérer indispensable à la raison de se rapporter à quelque chose de distinct des phénomènes (on pourra alors évoquer le NOUMENE, comme unité systématique de l’enchaînement, de l’ordre, des phénomènes).

1) il existe nécessairement quelque chose de distinct du monde, qui est le fondement de l’ordre.

a) Kant accepte donc la position de l’existence d’un “quelque chose” de distinct du monde, comme fondateur de l’ordre de tous les êtres du monde. Mais ça reste indéterminé. On peut dire que tant que ça reste indéterminé, ça va, on peut admettre cette existence.

b) C’est un principe transcendantal ( notre entendement est fait de telle manière qu’on est obligés de penser de cette manière). Nous devons nous rapporter à quelque chose de distinct du monde, car il faut bien un fondement de l’ordre.

2) On ne peut appréhender l’ordre qu’en découvrant ses effets dans le monde (le propre des phénomènes, c’est d’être ordonnés).

Les phénomènes sont liés les uns aux autres : entrelacement de parties dans un tout qui est ordonné (nexus finalis).L’ordre du Gemüth est excédentaire. Les objets des sens ont déjà une ordonnance par eux-mêmes.

Que sont les “LOIS GENERALES” ? Celles de l’entendement législateur (c’est la thèse de la logique transcendantale et des prolégomènes, cf. par.36? ou désignent-elles plutôt, comme il le dit dans la Critique de la faculté de juger, la multiplicité (ordonnée) des espèces enchaînées les unes aux autres? (cf.échelle générale des êtres). L’ordre vient-il du monde, ou de l’esprit? -Disons que l’esprit lui-même renvoie à quelque chose qui existe réellement et est distinct du monde.


Différence SOMME/ORDRE : il y a plus qu’une simple addition, donc : il “doit” y avoir un être distinct du monde. (Cf; “oui, sans doute”). l’ordre, en tant qu’il s’opposerait à la somme, correspond-il à la troisième catégorie mathématique, qui est celle de la totalité?).


Mon entendement pur m’oblige à me rapporter à quelque chose de distinct.

Le PRINCIPE TRANSCENDANTAL est lié à quelque chose de distinct du monde. C’est le principe d’ordonnance qui l’a rendu possible, mais qui n’est pas moi. pourtant, il dit bien d’habitude que nous sommes le principe transcendantal de l’ordre des phénomènes (le législateur de la nature). On peut donc bien se demander ici si Kant ne commet pas l’erreur qu’il attribue à leibniz dans son amphibologie!

cf. les ambiguïtés de l’OBJET TRANSCENDANTAL :

  • conditions nécessaires suivant lesquelles l’entendement pur se représente ce qui doit exister (il ne peut pas faire autrement) ; produit par l’entendement pur ;
  • quelque chose qui doit se situer au-delà.

3) donc : est-ce une substance? de la plus haute réalité (Descartes, Leibniz)? contingente? nécessaire (Spinoza)?

-Non : il refuse la position d’une existence déterminée par une connaissance catégoriale. Je ne dois pas dire que le fondement de l’ordre du monde est une substance.


En disant que ces questions n’ont pas de sens, on voit que pour Kant une certaine forme de théologie n’est pas valide. C’est toute l’entreprise de la théologie rationnelle qui pour lui est insensée.

Seule la théologie transcendantale est pour lui une interrogation légitime. La thèse de Kant est qu’il y a eu excès dans une manière de formuler la question de l’existence de Dieu. En effet, la thèse essentielle de la Critique de la raison pure était bien qu’on ne peut se représenter autre chose que des objets : or Dieu n’est pas un objet. la thèse rationaliste ne s’occupe pas de l’expérience. On n’a pas le droit de dire qu’on peut connaître ce qu’est Dieu, cf. De l’insuccès de toutes les théodicées.

De plus, ce que veut dire ici Kant, c’est qu’il est impossible de savoir ce que nous pourrions connaître si nous étions différents de ce que nous sommes. Bref, une théologie rationnelle n’est pas possible. On ne peut connaître ce quelque chose de distinct en en faisant une substance. On ne rejoindra pas Dieu par la théologie rationnelle. Par contre, en tant que nous voyons les effets d’un ordre du monde, ie, que les êtres vivants s’unissent dans une nature au sens fort, nous avons une indication, une nouvelle voie.

4) Solution : nous pouvons concevoir cet être distinct du monde par analogie avec les objets de l’expérience.

(On a chez Kant, une philosophie du comme si). Si l’usage positif de l’expérience ne peut s’ercer que dans le champ du sensible, les idées de la raison, elles, n’ont pas d’usage sensible : elles se meuvent dans le champ du supra-sensible. C’est donc elles qui vont ici être appelées à la rescousse. Est-ce que l’affinité transcendantale des phénomènes n’est dûe qu’à l’entendement législateur?

Tout de suite, dans la formulation de la question, apparaît un problème : en effet, on dit que cet être est distinct du monde, et ensuite, qu’on pourrait le penser par analogie avec ce qui est intérieur au monde : n’y a t-il pas la une contradiction?


Il y a aussi un autre problème : le terme de “SUBSTRATUM” n’est-il pas retour à la notion de substance? Si le substrat est chez Aristote, ce qui gît dessous, on a ici ce qui se cache par derrière, en coulisse... Ce substrat est déjà sage : il n’a pas fait n’importe quoi n’importe comment.

La notion d’ANALOGIE est ici, il faut le noter, en rapport avec la notion de régulation ; rapports d’organisation analogues. Permettent de régler les découvertes. On pénètre de plus en plus dans l’organisation systématique en faisant usage de l’analogie.

IDEE REGULATRICE : on dépasse l’expérience, mais, en s’aidant de l’expérience.


Liaison, aussi, ordre- FINALITE : liaisons téléologiques.


Dieu a schématisé:
il a tracé en pointillés, mais ne nous montre pas tout. Nous nous rapportons à une intention qui a le pouvoir de fonder des êtres. C’est différent du schématisme de l’imagination transcendantale, qui fondait les jugements synthétiques a priori.

Le renvoi à quelque chose de distinct de nous échappe-t-il à une nécessité subjective, c’est-à-dire, à l’anthropomorphisme? si Kant revient bien ici à la réhabilitation de l’anthropomorphisme, il ne prétend pas, contrairement à ce que fait Leibniz dans la Théodicée, à rentrer dans les conseils de Dieu. L’éloge de l’anthropomorphisme renvoie ici à l’état dans lequel se trouve la raison, faculté suprême.

La thèse générale de Kant est bien ici que l’on ne saurait connaître ce qu’est Dieu, mais seulement y penser : on doit penser à quelque chose de distinct, mais on ne peut nullement connaître cette chose. Dieu existe, mais il est inconnaissable ; et il n’est pas connaissable directement : en effet s’il existe, c’est parce qu’il y a un ordre dans les phénomènes. Le commencement de la preuve de l’existence de Dieu n’est pas, comme chez Spinoza, la substance nécessaire, c’est-à-dire, Dieu même, mais l’ordre qui existe dans le monde. Hume critique ce genre de procédé. Kant ne doute pas de l’organisation du monde réel.

5) L’ordre dans la philosophie de Kant.

Sens général de la notion : relation intelligible entre une pluralité de termes. Cohérence, disposition rationnelle.


Chez les classiques (avant le tournant cartésien) : ordre interne aux choses, provenant de l’organisation d’un Dieu ; ou encore, principe unitaire du réel.

Chez Kant, l’ordre apparaît d’abord comme issu de l’esprit. En effet,


1) ne dit-il pas dans la logique transcendantale que, avant l’ordre apporté par les concepts unificateurs de l’entendement, il n’y a pas d’ordre? C’est ici l’unité de l’entendement qui est productrice d’ordre, en tant qu’elle ramène les représentations à l’unité. L’ordre est l’unification opérée par les concepts. L’entendement met de l’ordre dans le désordre sensible. Notions-clefs : catégories et unité de l’aperception.

2) l’affirmation ensuite, d’une suite nécessaire entre les phénomènes, de la régularité : c’est la thèse de la seconde analogie de l’expérience. Cf. rapport de cause à effet. l’ordre est le produit de l’entendement pur a priori. (cf. aussi par;36 des Prolégomènes). Ordre comme comme ordre de la nature (lois générales).

L’ordre est phénoménal (conformité des lois dans la liaison des phénomènes) et il est mis originairement par nous.

pourtant il semble bien que la pensée de Kant incline, comme on peut le voir dans la CFJ, à dire que l’ordre ne vient pas, ultimement, de nous. En effet, il y découvre l’ordre de la finalité qui contrairement à l’ordre théorique, nous achemine vers un ordre supra-sensible, c’est-à-dire, divin. (A travers la beauté des choses et l’organisation, se manifeste une voix venant de l’infini).


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