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Accueil > Cours > La notion de permanence de l'objet
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La notion de permanence de l'objet :

innée ou acquise ?

page créée le 19/09/2009

 

 

Résumé: comment sait-on que les objets existent à l'extérieur de moi, et continuent d'exister, même si on ne les perçoit pas ? est-ce inné ou acquis ? Quand on sait que c'est la condition sine qua non pour percevoir le monde, la question revient à se demander si percevoir le monde est un phénomène immédiat ou pas, et accessible à toutes les espèces vivantes ! Les psychologues font des expériences, pour y répondre, avec des bébés et de jeunes enfants...

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Comment se développe l'intelligence de l'enfant ?

I- Jean Piaget : la notion de permanence de l'objet apparaît vers l'âge de deux ans

II- Renée Baillargeon : la notion de permanence de l'objet semble être présente chez le nourrisson avant 5 mois !

III- Au fait, comment peut-on savoir ce qui se passe "dans la tête" d'un bébé ?

 
 

 



Comment se développe l'intelligence de l'enfant ? -Deux grandes théories psychologiques, où l'on croise la question de l'acquisition de la permanence de l'objet...



I- Il y a trente ans, à la question de savoir comment se développe l'intelligence de l'enfant, était invariablement associé un nom, et souvent un seul, celui de Jean Piaget

 

Jean Piaget a été le premier à considérer le bébé comme un sujet de recherche et à lui attribuer une intelligence. On lui doit d'avoir élaboré ce qui restera longtemps la théorie du développement de l'intelligence.


Pour J. Piaget, l'intelligence évolue par bonds, d'un stade à l'autre, du concret vers l'abstrait.

Au début, l'intelligence du bébé est pratique, J. Piaget l'appelle sensori-motrice car elle est liée au toucher, à la vision et à l'action.

Au terme de son développement et après plusieurs phases intermédiaires, l'enfant, alors âgé de 14-15 ans, atteint le stade « formel », celui des opérations abstraites, logiques, mathématiques.

Ce modèle de développement est souvent comparé à la montée des marches d'un escalier. D'un stade à l'autre, la pensée de l'enfant change, ses raisonnements sont à la fois meilleurs et d'un autre type.


de 0 à 1 mois : c'est l'exercice des réflexes. Le nouveau-né tète le sein grâce au réflexe de succion. Entre deux tétées, il suce ses doigts, les draps, la couverture, etc. Très vite, lorsque l'enfant a faim, il rejette tous les objets à sucer qui ne sont pas le sein ou la tétine du biberon. Piaget conclut que le mamelon a une signification pour l'enfant : contact mamelon + sensation de lait qui coule = apaisement de la faim.


de 1 à 4 mois : c'est le stade des premières habitudes (réactions circulaires primaires) : fixation du regard et poursuite oculaire, schèmes relatifs à la phonation, l'audition, les prémices de la préhension, schèmes des mains, ébauche de coordination entre la succion et la préhension, coordination vision-préhension. Le nourrisson tente de saisir ce qu'il voit mais si l'objet convoité disparaît, il ne le cherche pas.


de 4 à 8 mois : c'est le stade de l'adaptation sensori-motrice intentionnelle avec les réactions circulaires secondaires qui permettent l'apparition de l'intentionnalité au niveau des comportements de l'enfant. Le bébé cherche l'objet caché d'abord sans insister puis systématiquement. Le jeu de cache-cache l'intéresse.


de 8 à 12 mois : c'est le stade de la coordination des schèmes secondaires et leur application aux situations nouvelles. L'enfant commence à agir sur le milieu.


de 12 à 18 mois : c'est la découverte des moyens nouveaux par expérimentation active. L'apparition des réactions circulaires tertiaires rend imprévisible la conduite de l'enfant pour l'observateur. L'enfant agit et manipule les situations. Pour attraper un objet, l'enfant est capable d'attirer vers lui un autre objet le supportant.


de 18 à 24 mois : l'enfant invente de nouveaux systèmes par combinaison mentale. A 2 ans, l'enfant fait preuve d'une intelligence pratique très développée. C'est à cet âge que l'enfant acquiert la permanence de l'objet.

II- Aujourd'hui, la question de savoir comment se développe l'intelligence suscite plutôt l'embarras. Le cadre du développement cognitif proposé par J. Piaget ne fait plus l'unanimité

 

La plupart des théories actuelles penchent en faveur d'une progression de l'intelligence graduelle, et de ce fait quasi continue : elle n'évolue plus par bonds et vers l'avant, mais par petits pas rapprochés, marqués d'arrêts, de retours en arrière et de faux pas.


Ce courant de recherche est largement dominé par l'étude des compétences précoces du bébé, à l'origine de découvertes et de révisions importantes de la théorie piagétienne.

En 1970, le psychologue Robert L. Fantz met au point une méthode expérimentale qui révolutionne les connaissances sur le monde mental du bébé.


Il fait le constat suivant : lorsqu'un bébé observe un phénomène nouveau, par exemple une girafe en plastique qu'il n'a jamais vue avant, il fixe intensément l'objet pendant plusieurs secondes. Au bout d'un laps de temps, l'enfant s'habitue à la présence de l'objet et détourne son regard. Si ensuite on présente un petit lapin en bois à côté de la girafe qu'il connaît déjà, le bébé porte son attention sur le lapin. Le chercheur en déduit que le temps de fixation du regard est un bon indicateur de l'intérêt que le bébé porte à la nouveauté.


La méthode se perfectionne et se généralise.

On découvre que le bébé réagit non seulement à la nouveauté mais aussi à l'étrangeté des situations, comme le montre cette autre expérience avec des boules de billard : une boule rouge roule sur un tapis de billard et vient percuter une boule blanche, qui roule à son tour. Pour le bébé, c'est une découverte : quand une boule est percutée par une autre, elle se met à bouger. Le bébé fixe la scène puis il se lasse. Si on change le scénario, la boule rouge étant en mouvement mais la boule blanche bougeant avant d'avoir été touchée, alors le bébé manifeste son étonnement. Il semble avoir compris que quelque chose d'étrange s'est produit. Tout se passe comme si le bébé comprenait qu'une loi physique a été violée. Une boule ne peut pas se déplacer sans avoir été percutée.


En 1985, ce protocole expérimental permet à Renée Baillargeon, Elisabeth Spelke et Stanley Vassermann de réaliser une expérience, aujourd'hui célèbre, sur la « permanence de l'objet ». On dit qu'un enfant possède la permanence de l'objet s'il a compris que son jouet existe encore, même si on vient de le faire disparaître sous ses yeux derrière un mouchoir.

J. Piaget pensait que l'enfant atteint cette compétence à 2 ans. Car quand on cache l'objet à un enfant plus jeune, il ne fait aucun geste pour soulever le mouchoir et reprendre l'objet. Cette interprétation est contestée : il est possible que l'enfant sache que son jouet est bien là, mais ne cherche pas à le prendre.

L'expérience de R. Baillargeon, E. Spelke et S. Wassermann montre que, dès 3 à 5 mois, des nourrissons possèdent parfaitement la permanence de l'objet.

La découverte de capacités précoces chez l'enfant réveille une épineuse question, celle de savoir si ces compétences sont innées

III- Comment savoir ce qui se passe dans la tête d'un bébé ?

  • Cf. ce qui a été dit ci-dessus : on s'intéresse au temps de fixation du regard. On SUPPOSE que plus l'enfant regarde longtemps quelque chose, plus il est étonné de la situation... et ne la comprend pas !

 

  • Cette question pose un problème philosophique que Nagel a interrogé dans son article célèbre "Qu'est-ce que cela fait d'être une chauve-souris".... Peut-on étudier objectivement les états mentaux ? Cela ne va vraiment pas de soi !
 

 

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