I- 
                Qu’est-ce que la conscience ? Est-elle commune aux êtres 
                vivants et aux êtres humains, ou bien seulement propre aux 
                humains ? 
              Repartons 
                ici de la question à la fin de l’introduction. Etre 
                conscient, n’est-ce pas une certaine forme de rapport au 
                monde ? Après tout, peut-être que notre manière 
                de nous rapporter au monde n’est qu’une des formes 
                que prend la conscience ? N’y aurait-il pas plusieurs degrés 
                de conscience ? 
               
                A- 
                  les différents degrés de conscience : la conscience, 
                  ce qui caractérise le vivant ? (la conscience, un simple 
                  rapport au monde ?)
                 
                  1) 
                    Pour le savoir, essayons de réfléchir sur quelques 
                    exemples, en partant des choses inertes pour aller jusqu’aux 
                    hommes. 
                
              
              1) 
                Si nous prenons un être minéral, par exemple une 
                pierre, on dira immédiatement que cette chose ne peut être 
                douée d’une quelconque forme de conscience que ce 
                soit, puisqu’elle n’entretient aucun rapport avec 
                le monde extérieur. Elle bouge, certes, elle se corrompt, 
                certes, mais elle ne se meut pas d’elle-même, et n’en 
                sera jamais affectée par le monde extérieur au sens 
                où elle pourrait « sentir » quoi que ce soit. 
                La pierre EST, point. 
              2) 
                Prenons maintenant un être plus complexe, une plante par 
                exemple. La plante, en plus de la pierre, vit. Mais nous avons 
                dit dans l’introduction que la vie ne suffisait pas à 
                dire qu’il y a conscience. Aurait-elle alors un certain 
                contact avec le monde ? Il semble qu’on puisse parler à 
                leur propos d’une forme de conscience très élémentaire. 
                Forme de sensibilité. Réagissent à certains 
                sons, etc. Cependant, il semble que les formes de réaction 
                que l’on peut enregistrer soient en quelque sorte mécaniques, 
                c’est une forme d’adaptation instinctuelle au monde 
                environnant. Or nous avons dit en intro que tout ce qui est effectué 
                machinalement, ne pouvait apparemment pas se nommer conscience. 
                –Encore que la plante se distingue tout de même, par 
                toutes ces caractéristiques, de la pierre ou d’une 
                chose en général !
              3) 
                Prenons maintenant un animal. Pas n’importe lequel évidemment 
                car notre recherche serait sans fin. Prenons un animal domestique, 
                un chat par exemple. Observons-le en train de traquer sa proie, 
                une jolie petite souris verte… N’est-il pas concentré 
                sur la souris ? Ne réagit-il pas d’une manière 
                moins automatique que la plante ? Observons-le encore une fois 
                qu’il a réussi à attraper sa proie : le voilà 
                qui semble jouer avec, etc. Lançons lui une pelote de laine, 
                il l’attrape, appelons-le, il vient, etc. Franchement : 
                cela ne se rapporte-t-il pas à une certaine forme de conscience 
                ? Le chat a un rapport au monde qui l’entoure, il sent, 
                il réagit, etc. 
              4) 
                Prenons enfin l’homme. Qu’a-t-il, au premier abord, 
                de plus que l’animal ? On dit souvent que l’homme 
                cumule toutes ces formes de conscience. L’homme a la capacité 
                de se dire à lui-même : « je pense », 
                ou « je sais », que je suis en train de sentir en 
                ce moment, je sais que j’existe, je sais que le monde extérieur, 
                etc. Si Garfield peut être considéré comme 
                un chat philosophe car capable d’une telle forme de réflexion, 
                on n’imaginera tout de même pas son chat en train 
                de se poser de telles questions, en train de se dire de telles 
                choses ! Il semble donc que la conscience soit chez l’homme 
                une forme de conscience beaucoup plus élaborée que 
                l’animal. 
              
                Avantage de cette réponse : Mais rien n’interdit, 
                apparemment, d’attribuer la conscience à l’animal 
                ! Si on en reste là, alors on peut dire que tous les êtres 
                vivants sont conscients, à des degrés moindres. 
                Seul les deux derniers degrés de conscience seraient propres 
                aux hommes. Cf. Leibniz et son « échelle des êtres 
                ». On peut imaginer autant de degrés de conscience 
                qu’il y a de degrés d’êtres vivants. 
                Condition minimale de la conscience : un certain rapport au monde, 
                entrer en relation avec le monde environnant. Sentir, percevoir, 
                même de façon confuse, suffit à dire qu’il 
                y a conscience.
               
               
                2) 
                  Il existe d’ailleurs plusieurs définitions de la 
                  conscience, ce qui semble confirmer notre analyse
                 
                   
                    a) Leibniz et les petites perceptions
                
              
              Thèse 
                : il y a à tout moment en nous une infinité de petites 
                perceptions dont nous n’avons pas conscience… Mais 
                ce sont bien pourtant des perceptions !
              
                 
                  Leibniz, 
                      Nouveaux Essais sur l’entendement humain, p. 246 Chemins 
                      de la pensée 
                    (…) 
                      il y a mille marques qui font juger qu’il y a à 
                      tout moment une infinité de perceptions en nous, 
                      mais sans aperception et sans réflexion, c’est-à-dire 
                      des changements dans l’âme même, dont 
                      nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont, 
                      ou trop petites et en trop grand nombre, ou trop unies, 
                      en sorte qu’elles n’ont rien d’assez distinguant 
                      à part, mais, jointes à d’autres, elles 
                      ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir, 
                      au moins confusément, dans l’assemblage. C’est 
                      ainsi que l’accoutumance fait que nous ne prenons 
                      pas garde au mouvement d’un moulin ou à une 
                      chute d’eau, quand nous avons habité tout auprès 
                      depuis quelques temps.   | 
                
              
               
              Il 
                y a donc à tout moment des perceptions en nous, mais sans 
                aperception ou réflexion (dont on n’a pas conscience). 
                En effet, les perceptions sont soit : 
              a) 
                trop petites ou en trop grand nombre
                b) trop unies, mêlées les unes aux autres, si bien 
                qu’on ne peut les remarquer à part les unes des autres 
                (confusion)
              Si 
                les petites perceptions dont nous parle ici Leibniz sont trop 
                petites pour qu’on en ait conscience, elles font néanmoins 
                leur effet sur nous. La « preuve » : si on arrête 
                par exemple subitement le moulin, alors, on s’en rendra 
                compte, ce qui veut bien dire que nous percevions bien le bruit 
                sans nous en rendre compte ! 
              Les 
                phénomènes conscients sont l’assemblage global 
                d’éléments trop petits pour que chacun d’eux 
                soit aperçu à part. Cf. images subliminales
              Que 
                dit ce texte pour notre propos ? Qu’il existe un rapport 
                au monde (donc une forme de conscience) non réfléchi, 
                et un rapport au monde réfléchi. Ainsi, il semble 
                que contrairement à ce que nous avons dit bien vite dans 
                notre introduction, la conscience ne soit pas par définition 
                une forme de pensée, de savoir. S’il existe une conscience 
                « irréfléchie », alors l’animal 
                peut bien être doué de conscience. Seule la conscience 
                réfléchie serait le propre de l’homme. (cf. 
                d’ailleurs formule de Leibniz : « l’homme agit 
                par habitude dans les ¾ de ses actions ».
              
               
                 
                  
                    b) Faisons un tableau récapitulatif des définitions 
                    de la conscience communément acceptées : 
                
              
               
              
                 
                  | Conscience 
                    irréfléchie | 
                  Conscience 
                    réfléchie | 
                  Conscience 
                    morale | 
                
                 
                  | Synonymes 
                    : sentir, percevoir | 
                  Recul, 
                      distance : savoir qu’on sent, savoir qu’on pense, 
                      etc. (sensation, perception, accompagnée de savoir 
                      : cf. étymologie du mot). Et même, savoir qu’on 
                      est. 
                    a- 
                      conscience intentionnelle (conscience d’objets) et 
                       
                      b- conscience de soi-même   | 
                  Juger 
                    de la valeur morale de ses actions ; distinguer le bien du 
                    mal | 
                
                 
                  | On 
                    peut percevoir ou sentir quelque chose sans se rendre compte 
                    que l’on sent ou perçoit, sans se mettre en opposition 
                    au monde, etc.  | 
                  Par 
                      conséquent, c’est se rapporter à soi-même, 
                      se juger, se critiquer, ou même, juger, critiquer 
                      nos connaissances, etc.  
                    Cf. 
                      dédoublement, opposition de soi au monde (comme le 
                      miroir réfléchit les images, au sens où 
                      il est dédoublement, la conscience est un dédoublement)  | 
                    | 
                
              
               
                
                
               
                Ici, 
                on se dit immédiatement que 3) suppose évidemment 
                2), mais que 2) et 1) ont moins de rapports intrinsèques. 
                Et même 2a et 2b. On pourrait sans doute avoir conscience 
                de soi sans avoir conscience du monde extérieur et avoir 
                conscience du monde extérieur sans avoir conscience de 
                soi. 
              Problème 
                posé par A : Pourtant, il paraît difficile 
                de pouvoir avoir conscience de quoi que ce soit, sans en avoir 
                conscience explicitement, sans s’en rendre compte ! N’est-ce 
                pas finalement une manière abusive de parler de la conscience 
                ? Une conscience non attentive, non réflexive, ou irréfléchie, 
                n’est-elle pas une contradiction dans les termes ? 
              Exemples 
                montrant qu’avoir conscience de quelque chose c’est 
                inéluctablement savoir qu’on y pense : 
              (1) 
                penser à Gertrude et ne pas savoir que je pense à 
                elle : c’est absurde ! 
              (2) 
                dire que je perçois un arbre, c’est dire que j’en 
                ai conscience perceptivement, non pas seulement parce que je le 
                perçois, mais parce que j’ai conscience d’avoir 
                conscience de cet arbre. Je le perçois et je sais que je 
                le perçois. Comment pourrais-je avoir conscience d’une 
                chose tout en l’ignorant ? 
              (3) 
                une machine qui détecte des objets, qui fait des calculs, 
                qui commande d’autres machines, n’est pas un sujet 
                conscient, ceci, non parce qu’elle est coupée du 
                monde, mais parce qu’elle ne sait pas qu’elle « 
                sait » ou « sait faire » quelque chose. 
              (4) 
                de même, un animal qui réagit de manière adaptée 
                aux événements qui se produisent dans son environnement 
                n’ignore pas cet événement, mais il n’est 
                pas un sujet conscient car il ne sait pas qu’il connaît 
                : il ne peut rien en dire. 
              
                Si on veut aller plus loin que la mise en évidence d’une 
                simple contradiction dans une expression (qui pourrait alors après 
                tout n’être qu’une question de vocabulaire) 
                on peut tout simplement dire que si je ne sais pas que je suis 
                en relation avec le monde, alors, je suis tout entier confondu 
                avec lui, et je ne vois du tout en quoi je puis alors encore en 
                avoir conscience ! Par conséquent, il semble que la conscience 
                suppose la capacité de pouvoir se poser comme différent 
                du monde (et des autres). Elle suppose une distance, un décalage, 
                entre les choses et moi-même. Etre conscient de, ou avoir 
                conscience, suppose de savoir qu’on n’est pas une 
                chose. 
              Or 
                cela nécessite non seulement une conscience réfléchie, 
                mais une conscience de soi-même, et donc, un esprit complexe 
                et élaboré. On retrouve donc ici le début 
                de notre introduction : la conscience serait bien le propre de 
                l’homme ! 
               
              B- 
                La conscience immédiate est-elle vraiment possible sans 
                conscience de soi ? (la conscience comme faculté de synthèse, 
                comme savoir)- la conscience est donc le propre de l’homme 
                ! 
              Conséquence 
                du problème posé à la fin de A : 
              Encore 
                faut-il convaincre le plus récalcitrant d’entre vous 
                que même le processus simple de sensation ou de percevoir, 
                n’est pas possible sans conscience « réfléchie 
                », et n’est pas finalement un phénomène 
                irréfléchi ! 
              Nous 
                allons donc devoir montrer que pour avoir conscience des choses, 
                il faut avoir aussi conscience de soi. La conscience est un savoir 
                d’ordre intellectuel, qui met en œuvre une activité 
                de l’esprit. Cf. étymologie du mot : « cum 
                » = avec, ensemble ; « scire » : savoir. Idée 
                d’un savoir rassemblé, d’un faisceau unifié 
                autour d’un centre (qui sera la personne humaine elle-même).
               
               
                1) 
                  la synthèse perceptive : qu’est-ce que percevoir 
                  le monde, un objet ? (Descartes, Méditations métaphysiques, 
                  le morceau de cire)
              
              Nous 
                croyons avoir affaire aux objets extérieurs de manière 
                immédiate, or, ce n’est pas si sûr ! Que nous 
                apportent réellement nos sens ? Pour avoir affaire au monde 
                extérieur, aux objets, à la matière, ne faut-il 
                pas en fait un travail de l’esprit ? 
              Percevoir 
                un objet : le percevoir comme étant un et le même 
                ; synthèse perceptive = intellectuelle. Ainsi, un BB, ou 
                un animal, doté de 5 sens, mais sans doute privé 
                d’esprit, peut-il percevoir des objets ?). Même la 
                conscience de base du monde extérieur, suppose donc l’esprit. 
                
               
               
                 
                  a) 
                    le point de vue du sens commun au crible du morceau de cire 
                    : connaissons-nous les choses par l’intermédiaire 
                    de nos sens ? 
                
              
              Descartes 
                va répondre à cette question en faisant mine d’adopter 
                le point de vue du sens commun : nous avons affaire immédiatement 
                à la réalité à l’aide de nos 
                sens. Nous n’avons besoin de rien d’autre pour nous 
                rapporter à des objets. 
              Pour 
                voir si cette thèse « naïve » (empiriste 
                : les connaissances sont issues des sens) est fondée ou 
                pas, il va recourir à une expérience de pensée 
                : imaginons un morceau de cire sortant de la ruche, et qu’on 
                le fasse brûler. Au début, le morceau de cire a de 
                multiples propriétés sensibles. Or, si on l’approche 
                du feu, ces propriétés vont changer, voire même 
                disparaître. Or, tout le monde continue à dire que 
                c’est le même morceau de cire, que nous avons affaire 
                à la « même » chose… 
              Est-ce 
                vraiment, par conséquent, à travers mes sens que 
                j’ai affaire à des objets, ici, à un même 
                morceau de cire ? Cf. ici introduction de permanence, d’identité 
                à soi, malgré, et au-delà, des changements 
                qui affectent la chose ! 
              Descartes 
                va plutôt affirmer qu’il est impossible d’affirmer 
                l’identité de l’objet, si je ne dispose que 
                des sens. En effet, que me livrent mes sens concernant les objets 
                ? 
              Des 
                informations : 
                - multiples (odeur, saveur, etc.) : pas d’unité, 
                de lien
                - variables (elles sont changeantes, et disparaissent)
              Nulle 
                part mes sens ne me livrent donc quoi que ce soit d’identique, 
                d’un, invariable. Les sens ne me donnent à « 
                voir » ou « sentir » aucune chose. Si on ne 
                disposait que de nos sens, le monde ne serait qu’un amas 
                de qualités sensibles, il changerait sans cesse, il n’y 
                aurait aucune stabilité, aucun monde, mais un chaos, un 
                tourbillon permanent (comme une valse incessante !). 
               
               
                
                  b) 
                    la distinction perception et sensation
                
              
              C’est 
                donc une autre faculté qui est à l’œuvre 
                dans la perception des objets ! Raisonnement :
                
                (1) les sensations nous donnent accès à de la variation
                (2) or, nous percevons, non un monde indifférencié, 
                instantané, ponctuel, changeant, mais un monde ordonné, 
                stable, permanent malgré les changements
                (3) donc nous allons toujours au-delà de la sensation, 
                et c’est par une autre faculté que nous percevons 
                le monde… 
              la 
                perception, activité de synthèse (fait que nous 
                nous rapportons à un monde « un », ayant une 
                signification)
              Descartes 
                va dire que c’est l’esprit (« entendement ») 
                qui fait, sans qu’on s’en rende compte, la liaison 
                entre les sensations. Percevoir, ce n’est pas sentir, c’est 
                juger. La perception n’a rien de passif. C’est grâce 
                à l’esprit que je peux identifier un objet, le reconnaître, 
                avoir accès à des choses unes et les mêmes. 
                Sans l’esprit qui unifie nos sensations, nos sensations 
                seraient sans lien, et la connaissance impossible. 
              On 
                distinguera donc la sensation et la perception ! 
               
              
                
                  Sentir  | 
                  Percevoir  | 
                
                
                  Passivité 
                      Réflexe 
                    (définition 
                      : état de conscience brut et élémentaire 
                      qui est immédiatement consécutif à 
                      l’excitation d’un sens, externe ou interne)  | 
                  Activité 
                    attention 
                      (prise de conscience de la sensation ?)  | 
                
                
                  | donne 
                    des qualités élémentaires : couleur, 
                    chaud, froid, piquant, doux, etc.  | 
                  Donne 
                    du sens au monde, l’ordonne, travail de synthèse 
                    (cf. « percipere » : prendre ensemble, récolter, 
                    organiser des sensations en un tout signifiant) | 
                
                
                  | Exemple 
                    : voir, entendre  | 
                  Exemple 
                    : regarder, écouter (cf. écouter une symphonie, 
                    un cours de philosophie : nécessite un certain travail 
                    de l’esprit, qui se rapporte aux instants passés 
                    pour les lier avec ceux qui sont en train de se passer…) | 
                
              
               
               
                2) 
                  cela ne suppose-t-il pas la capacité de faire la synthèse 
                  de soi-même, de se percevoir comme une personne ? 
              
              Pour 
                pouvoir faire cette première synthèse, synthèse 
                des sensations, unification de mes sensations, et donc, se rapporter 
                à un monde « un », il faut également 
                pouvoir être capable de rapporter ces sensations à 
                soi-même, de se les approprier. Il faut être capable, 
                pour cela, de dire « je ». Et il faut être capable 
                de se rapporter à soi-même comme étant tout 
                aussi « un et le même » que le monde extérieur 
                auquel on se rapporte. Si en effet les sensations m’arrivaient 
                de l’extérieur sans que je ne puisse jamais les retenir, 
                alors, elles me traverseraient de part en part, sans que je puisse 
                rien retenir du tout. 
              • 
                Cf. Les pathologies telles la schizophrénie 
                ! 
               
                • 
                  Altération de la sensation d’identité : 
                  les schizo souffrent d’étranges sensations, à 
                  tel point qu’ils ne peuvent distinguer leurs actions, 
                  parfois, de celles d’autrui ; ne sentent pas, comme nous, 
                  que notre corps, nos pensées, nos cations, nous appartiennent 
                  ! Par conséquent, ils sentent une partie de leur activité 
                  comme étant d’origine étrangère : 
                  ils deviennent les témoins passifs des productions de 
                  leur propre esprit !
                  • Cf. hallucinations auditives
                  
              
              • 
                Cf. l'histoire du "Marin perdu" dont nous parle 
                le neurologue Sacks dans L'homme qui prenant sa femme pour 
                un chapeau : 
              Le 
                marin perdu dont nous parle le neurologue s'appelle Jimmie. Il 
                souffre d'une extrême et exceptionnelle perte de mémoire 
                immédiate : tout ce qu'on peut lui dire ou lui montrer 
                a toutes les chances d'être oublié en l'espace de 
                quelques secondes. C'est donc un homme complètement désorienté 
                dans le temps. 
              Exemple 
                : le médecin pose sa montre sur son bureau; la cache; et 
                lui demande de s'en souvenir. Après une minute de conversation, 
                il lui demande "qu'ai-je mis sous la nappe?" -Jimmie 
                ne se souvient de rien . Les traces qui se déposent dans 
                sa mémoire s'y effacent donc en l'espace d'à peine 
                une minute. Les seules choses qu'il sait faire (calculs, etc) 
                sont celle qui peuvent se faire en un clin d'œil. C'est donc 
                un homme sans passé ni avenir, enlisé dans un moment 
                constamment changeant, vide de sens.
              Question 
                que se pose le médecin : peut-on parler d'existence dans 
                le cas d'une absence de mémoire et de continuité 
                aussi radicale? 
                En effet, son amnésie est qualifiée de "fossé 
                insondable dans lequel tomberaient tout événement, 
                toute expérience, absolument tout, un abyssal trou de mémoire 
                qui engloutirait le monde entier". Cet homme s'est perdu 
                lui-même, il a perdu le "soi".Ce n'est plus un 
                être humain comme tel, une personne : cf; fait que cet homme 
                ne peut pas savoir ce qui lui arrive, pour la simple raison qu'il 
                n'y a justement personne pour le savoir.
              Exemple 
                : "comment vous sentez-vous?" J : "je ne peux pas 
                dire que je me sente malade, ni que je me sente bien; je ne sais 
                pas si j'éprouve quoi que ce soit" 
              Bref 
                : cet "homme" ne peut agir, être, éprouver, 
                sa vie n'a aucun sens, aucun but.
              Il 
                faut donc supposer un centre unificateur du monde à l’intérieur 
                de soi, et ce centre unificateur du monde est également 
                le centre unificateur de moi-même. Quand je dis « 
                moi », d’ailleurs, c’est de ce centre dont je 
                parle… Prendre conscience de soi c’est être 
                capable de dire « je » et pour cela il faut aussi 
                unifier ses états mentaux, se rapporter à soi-même 
                comme étant un et le même au-delà des changements 
                qui nous affectent… La conscience est ce qui capable de 
                relier le passé au présent et de jeter un pont vers 
                le futur en assurant ainsi la permanence du je. 
               
              • 
                Cf. Locke et l'identité personnelle
              
                 
                  Locke, 
                      Essais sur l’entendement humain, II, chap. 27, § 
                      9, 1690 
                    (…) 
                      il nous faut considérer ce que représente 
                      la personne ; c’est, je pense, un être pensant 
                      et intelligent, doué de raison et de réflexion, 
                      et qui peut se considérer soi-même comme soi-même, 
                      une même chose pensante en différents temps 
                      et lieux. Ce qui provient uniquement de cette conscience 
                      qui est inséparable de la pensée, et lui est 
                      essentielle à ce qu’il me semble : car il est 
                      impossible à quelqu’un de percevoir sans percevoir 
                      aussi qu’il perçoit. Quand nous voyons, entendons, 
                      sentons par l’odorat ou le toucher, éprouvons, 
                      méditons, ou voulons quelque chose, nous savons que 
                      nous le faisons. Il en va toujours ainsi de nos sensations 
                      et de nos perceptions présentes : ce par quoi chacun 
                      est pour lui-même ce qu’il appelle soi (…) 
                      L’identité de telle personne s’étend 
                      aussi loin que cette conscience peut atteindre rétrospectivement 
                      toute action ou pensée passée.   | 
                
              
               
               
                • 
                  Thèse
              
              La 
                conscience est donc le fondement de ce qu’on appelle l’identité 
                personnelle. Identité personnelle = conscience que l’être 
                humain a d’être, d’un bout à l’autre 
                de sa vie, la même personne, d’être « 
                le même que soi », d’être un « soi-même 
                » (un seul et même être).
              Terme 
                technique pour désigner cela en philosophie : ipséité. 
                Cela qualifie une identité subjective, non objective. Objective 
                : cf. patrimoine génétique, identité sociale, 
                identité corporelle, etc. Subjective : rapport que j’entretiens, 
                de l’intérieur, avec moi-même. 
              L’identité 
                à soi suppose la conscience qui permet d’unifier 
                tous mes actes, tout ce qui m’arrive. Cf. Fin du texte : 
                on voit ici que la conscience ne se restreint pas au présent 
                : elle s’étend jusqu’où va notre mémoire. 
                C’est la mémoire qui nous permet d’unifier 
                les instants épars de notre vie. 
               
                • 
                  Problème :
              
              Si 
                l’identité personnelle s’étend jusqu’où 
                va notre mémoire, si elle est réductible à 
                la conscience de soi qui est ici présentée comme 
                individuelle (ce sont « mes » souvenirs, le rapport 
                que j’entretiens avec ceux-ci de l’intérieur, 
                etc.), alors suis-je encore moi-même quand fait défaut 
                la conscience de soi ou quand je suis amnésique (temporellement 
                ou définitivement) ? 
              Ce 
                dont Locke ne rend pas compte c’est que l’identité 
                personnelle renvoie aux autres : on a besoin, pour rester ou être 
                soi-même, des souvenirs des autres, de leur matérialisation 
                des souvenirs, etc. On a besoin des autres pour rester nous-mêmes, 
                pour être celui qu’on est –pour le meilleur, 
                cf. amnésie, mais aussi, pour le pire, cf. crimes commis 
                dans des états seconds qu’on aurait complètement 
                oublié (folie, alcool, etc.). Sorte de devoir de mémoire 
                : nous nous souvenons avec et pour les autres. 
              
                 
                  Cf. 
                      Film de M. Gondry, Lost eternal sunshine of the spotless 
                      mind. 
                    Les 
                      2 héros du film, le Coeur brisé par l’échec 
                      de leur chagrin d’amour, se rendent chacun de leur 
                      côté dans un labo, Lacuna Inc., où des 
                      neurotechniciens s’appliquent à éradiquer 
                      tout souvenir de leur relation ratée.  
                    Problème 
                      : les tentatives d’effacement de ce souvenir se heurte 
                      à plusieurs difficultés :  
                      • Pour que cette histoire d’amour s’efface, 
                      il faudrait aussi supprimer les voisins d’immeuble, 
                      les amis, etc.  
                      • Les souvenirs qu’on veut effacés se 
                      mêlent à d’autres souvenirs (effets secondaires 
                      graves : nous risquons de perdre notre personne, notre identité 
                      personnelle, avec les souvenirs douloureux que nous aimerions 
                      parfois effacer…)  | 
                
              
               
              Bilan 
                de B : on a donc vu que la conscience est quelque chose 
                de très complexe, et qu’elle n’est sans doute 
                par conséquent qu’humaine…
              
                C- Descartes : l’essence de la conscience résiderait 
                dans la pensée (le cogito)
               
                1) 
                  du malin génie au cogito : dès que je pense, et 
                  au moment où j’y pense, j’ai en même 
                  temps et nécessairement conscience d’exister. Penser 
                  c’est être. 
                  
                2) 
                  je suis une chose qui pense (ou : une « substance » 
                  pensante)
                3) 
                  la transparence à soi de la conscience (privilège 
                  des états de conscience)
              
              Conséquence 
                : nous sommes alors transparents à nous-mêmes, tout 
                ce qui est actuellement en nous ne peut nous échapper, 
                être ignoré de nous, passer inaperçu. 
              
                 
                  Descartes, 
                      Principes de la philosophie, article 9 
                    Par 
                      le mot de penser, j’entends tout ce qui se fait en 
                      nous de telle sorte que nous l’apercevons immédiatement 
                      (en latin, conscience) par nous-mêmes ; c’est 
                      pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, mais 
                      aussi sentir, est la même chose ici que penser.  
                     
                      Réponses aux sixièmes objections : 
                       
                    Il 
                      n’y a aucune pensée de laquelle, dans le moment 
                      qu’elle est en nous, n’ayons une actuelle connaissance.  | 
                
              
              
                Pour D. la conscience est avant tout pensée, et qui dit 
                pensée, dit pensée réflexive : penser c’est 
                savoir qu’on pense. Ie : penser c’est en même 
                temps se rendre compte qu’on pense, et avoir soi-même 
                pour objet. La conscience, identique à la pensée, 
                est donc le domaine de l’intériorité. C’est 
                ma vie intérieure. 
              La 
                conscience est le domaine de la certitude. Certitude d’être, 
                d’exister, et certitude d’être ce que je pense 
                être. Penser être quelque chose = être cette 
                chose. Cela signifie la possibilité de se connaître 
                soi-même. Au moment où j’ai conscience de quoi 
                que ce soit en moi, je ne peux douter que ce soit faux. 
              Bilan 
                : L’être conscient est un être qui a à 
                la fois un rapport au monde et à soi, et qui ne peut avoir 
                de rapport au monde que parce qu’il a un rapport à 
                soi. C’est ce qui s’appelle être un sujet (NB 
                : on distingue en général la chose de l’objet 
                en disant qu’une chose dont on a conscience est un objet 
                : l’objet c’est ce qui existe pour un sujet)
                
                
              II- 
                Avoir conscience de soi fait-il de l’homme un être 
                « digne » ? Misère ou grandeur de l’homme 
                ? 
              On 
                montrera en quoi la conscience de soi dont est doté l’homme, 
                le met à part des autres animaux : cf. morale, liberté 
                (Sartre) –mais en même temps cela fait de l’homme 
                un être « double », toujours en avant de lui-même, 
                hors de lui-même (cf. sens du terme « exister » 
                qui s’oppose à « vivre »). Cf. Pascal 
                ! 
              Avoir 
                conscience de soi c’est être capable d’agir 
                moralement, c’est être libre ; mais aussi, paradoxalement, 
                notre grandeur fait aussi notre misère, ou, en tout cas, 
                notre ambiguïté
               
               
                A- 
                  La grandeur de l’homme
                 
                  1) 
                    capacité d’agir moralement 
                
              
              Cf. 
                conséquence du texte de Locke si on n’a pas conscience 
                de ses actes, si on ne les assume pas, on ne peut être une 
                personne juridique. C’est donc la conscience de soi-même 
                qui fait de nous des êtres à part au sein de la nature, 
                car capables de moralité. 
              Cela 
                peut avoir des conséquences morales très graves 
                : si à chaque moment on est différent, une personne 
                différente, alors, de quel droit me condamner si j'ai perpétué 
                un crime? Il n'y a même pas de "je", de "moi", 
                qui permette de dire que c'est "moi" …
               
               
                 
                  2) 
                    Sartre (l’existentialisme) : la conscience est liberté
                
              
              Sartre 
                : né en 1905. Mort en 1980. Fondateur de l’existentialisme. 
                Philosophie de la liberté absolue de l’homme. Liberté 
                absolue qui pour autant nous rend responsables. (Liberté 
                : pas caprice !). De nous-mêmes, de ce que nous sommes, 
                de notre caractère, etc. 
              
                 
                   
                      Sartre, 
                        L'existentialisme est un humanisme, pp. 16- et 22-23 : 
                       
                        "l'existence précède l'essence, ou, 
                        si vous voulez, il faut partir de la subjectivité. 
                        Que faut-il entendre au juste par là? Lorsqu'on 
                        considère un objet fabriqué, comme par exemple 
                        un livre ou un coupe-papier, cet objet a été 
                        fabriqué par un artisan qui s'est inspiré 
                        d'un concept; il s'est référé au 
                        concept de coupe-papier, et également à 
                        une technique de production préalable qui fait 
                        partie du concept, et qui est au fond une recette. Ainsi, 
                        le coupe-papier est à la fois un objet qui se produit 
                        d'une certaine manière et qui, d'autre part, a 
                        une utilité définie, et on ne peut pas supposer 
                        un homme qui produirait un coupe-papier sans savoir à 
                        quoi l'objet va servir. Nous dirons donc que, pour le 
                        coupe-papier, l'essence -c'est-à-dire l'ensemble 
                        des recettes et des qualités qui permettent de 
                        le produire et de le définir- précède 
                        l'existence; et ainsi la présence, en face de moi, 
                        de tel coupe-papier ou de tel livre est déterminée. 
                        (…) Lorsque nous concevons un Dieu créateur, 
                        ce Dieu est assimilé la plupart du temps à 
                        un artisan supérieur; (…)le concept d'homme, 
                        dans l'esprit de Dieu, est assimilable au concept de coupe-papier 
                        dans l'esprit de l'industriel; et Dieu produit l'homme 
                        suivant des techniques et une conception, exactement comme 
                        l'artisan fabrique un coupe-papier suivant une définition 
                        et une technique. Ainsi l'homme individuel réalise 
                        un certain concept qui est dans l'entendement divin. Au 
                        18e siècle, dans l'athéisme des philosophes, 
                        la notion de Dieu est supprimée, mais non pas pour 
                        autant l'idée que l'essence précède 
                        l'existence. (…) L'homme est possesseur d'une nature 
                        humaine; cette nature humaine, qui est le concept humain, 
                        se retrouve chez tous les hommes, ce qui signifie que 
                        chaque homme est un exemple particulier d'un concept universel, 
                        l'homme (…). L'existentialistme athée, que 
                        je représente, est plus cohérent. Il déclare 
                        que si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être 
                        chez qui l'existence précède l'essence, 
                        un être qui existe avant de pouvoir être défini 
                        par aucun concept et que cet être c'est l'homme, 
                        ou, comme le dit Heidegger, la réalité humaine. 
                        Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède 
                        l'essence? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se 
                        rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit 
                        après. (…)  
                      | 
                
              
               
              L'homme 
                n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. Tel est le premier principe 
                de l'existentialisme. C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité, 
                et que l'on nous reproche sous ce nom même. Mais que voulons-nous 
                dire par là, sinon que l'homme a une plus grande dignité 
                que la pierre ou que la table? Car nous voulons dire que l'homme 
                existe d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce 
                qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se jeter 
                vers l'avenir. L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, 
                au lieu d'être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur; 
                rien n'existe préalablement à ce projet; rien n'est 
                au ciel intelligible, et l'homme sera d'abord ce qu'il aura projeté 
                d'être. (…) si vraiment l'existence précède 
                l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est. Ainsi, la 
                première démarche de l'existentialisme est de mettre 
                tout homme en possession de ce qu'il est et de faire reposer sur 
                lui la responsabilité totale de son existence.
              Dans 
                l’Etre et le néant, il oppose l’homme 
                aux choses grâce à la conscience, qui va être 
                assimilée à la liberté.
               
                 
                  a) 
                    L’en soi et le pour soi (être et exister)
                
              
              La 
                conscience n’est pas une chose, c’est une non-chose 
                ou un non-être. D’où le titre : l’Etre 
                et le néant. L’être renvoie aux choses et le 
                néant à l’homme. Il va également appeler 
                les choses des « en soi », et les hommes, des « 
                pour soi ». 
              
                 
                   
                      Sartre, 
                        Situations I 
                       
                        Husserl ne se lasse pas d’affirmer qu’on ne 
                        peut pas dissoudre les choses dans la conscience. Vous 
                        voyez cet arbre-ci, soit. Mais vous le voyez à 
                        l’endroit même où il est : au bord 
                        de la route, au milieu de la poussière, seul et 
                        tordu sous la chaleur, à vingt lieues de la côte 
                        méditerranéenne. Il ne saurait entrer dans 
                        votre conscience, car il n’est pas de même 
                        nature qu’elle. (..) Connaître, s’est 
                        « s’éclater vers », s’arracher 
                        à la moite intimité gastrique pour aller, 
                        là-bas, par-delà soi, vers ce qui n’est 
                        pas soi, là-bas, près de l’arbre et 
                        cependant hors de lui, car il m’échappe et 
                        me repousse et je ne peux pas plus me perdre en lui qu’il 
                        ne peut se diluer en moi : hors de lui, hors de moi. (…) 
                        Du même coup, la conscience s’est purifiée, 
                        elle est claire comme un grand vent, il n’y a plus 
                        rien en elle, sauf un mouvement pour se fuir, un glissement 
                        hors de soi ; si par impossible vous entriez « dans 
                        » une conscience vous seriez saisi par un tourbillon 
                        et rejeté au dehors, près de l’arbre, 
                        en pleine poussière, car la conscience n’a 
                        pas de « dedans », elle n’est rien que 
                        le dehors d’elle-même et c’est cette 
                        fuite absolue, ce refus d’être substance qui 
                        la constituent comme conscience. Etre, dit Heidegger, 
                        c’est être-dans-le-monde. Comprenez cet « 
                        être-dans » au sens de mouvement. Etre, c’est 
                        éclater dans le monde, c’est partir d’un 
                        néant de monde et de conscience pour soudain s’éclater-conscience-dans-le-monde. 
                        Cette nécessité pour la conscience d’exister 
                        comme conscience d’autre chose que soi, Husserl 
                        la nomme intentionnalité.  
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              On 
                voit dans ce texte que c’est en réfléchissant 
                sur une caractéristique de la conscience que nous avons 
                déjà rencontrée que Sartre en arrive à 
                assimiler conscience et liberté. En effet, rappelons-le 
                : la conscience est une relation entre l’homme et le monde. 
                Notons d’ailleurs que cette caractéristique fondamentale 
                de la conscience se nomme l’intentionnalité (terme 
                qui vient de Husserl : « toute conscience est conscience 
                de quelque chose »). Ie : toujours rapport à autre 
                chose qu’elle-même, toujours au-delà, en avant, 
                de soi. La caractéristique de la conscience est que la 
                conscience n’est pas un objet, une substance, mais le néant 
                qui gît au cœur de l’homme : un grand vent, un 
                mouvement, une fuite vers le monde. Etre un néant, pour 
                la conscience, veut dire qu’elle n’est rien, elle 
                n’est qu’un mouvement pour se fuir, elle est toujours 
                autre chose qu’elle-même puisqu’elle est conscience 
                de quelque chose. « La conscience est l’être 
                qui est ce qu’il n’est pas, et qui n’est pas 
                ce qu’il est ». 
              Cette 
                caractéristique est ce que Sartre, par opposition à 
                l’en soi appelle le pour soi.
              - 
                la conscience est pour soi : cela veut dire qu’elle n’est 
                pas fermée au monde extérieur, mais au contraire, 
                constamment ouverte à autre chose qu’elle-même. 
                Elle est ouverture, elle est visée. La conscience n’existe 
                que dans son rapport à autre chose qu’elle-même 
                (ex = hors de ; sistere = être). La conscience est toujours 
                hors d’elle-même. L’homme est un être 
                en devenir, toujours au-delà de lui-même… 
              - 
                la chose, elle, est un être parce qu’elle est ce qu’elle 
                est ce qu’elle est, point. Elle est un « en soi ». 
                Fermée au monde extérieur. L’en soi n’a 
                besoin que de lui pour exister. 
              Ca 
                signifie que la conscience nous arrache aux choses, nous empêche 
                d’être… Nous ne sommes pas, nous existons.
               
                 
                  b) 
                    Pourquoi cela nous rend-il libres ? 
                
              
              Parce 
                que cela signifie que l’homme a à être tout 
                ce qu’il « est » : il n’ « est » 
                pas, il n’ « est » rien à proprement 
                parler (cf. « néant). Si nous ne sommes pas des choses, 
                nous avons à nous faire nous-mêmes, à nous 
                construire nous-mêmes. 
               
              B- 
                La misère de l’homme
               
                 
                  1) 
                    Conséquences de la thèse de Sartre : nous sommes 
                    condamnés à être libres alors ! (cf. la 
                    mauvaise foi)
                
              
              La 
                liberté est un lourd fardeau, nous sommes condamnés 
                à être libres, nous sommes responsables de ce que 
                nous sommes… 
              Par 
                conséquent, la liberté, le néant que nous 
                sommes, nous angoisse, et nous voulons souvent devenir des choses. 
                Nous voudrions pouvoir nous définir.
               
                C’est ce que Sartre appelle la mauvaise foi :