l'athéisme est aristocratique

Travail de l'élève

La première chose à faire est de trouver une problématique. Mais je ne sais pas si je suis sur la bonne piste :

- doit-on attribuer au concept d"athéisme" une valeur de supériorité ? l'athéisme serait considéré comme aristocratique,parce qu'il serait supérieur, préférable à la croyance du peuple, qu'il représenterait une position plus noble.

- Ou parce qu'il s'oppose à la croyance de la majorité ; que seuls les arisrocrates sont croyants, et que les ignorants, la masse du peuple, croient en Dieu. La position athéiste dépendrait donc de la position dans la société, dans la hiérarchie.

Pouvez-vous, s'il vous plaît, m'éclairer sur la signification du mot "aristocratique" dans ce sujet, et sur la problématique principale,merci pour votre aide


Réponse de Philocours.com

En fait, je trouve que tes deux analyses se rejoignent : il s'agit bien de savoir, au bout du compte, si l'athéisme est réservé à une élite, à ceux qui sont éclairés, savants, intelligents, avancés, etc. Et donc en contrepartie, de savoir si croire en Dieu est au contraire réservé aux ignorants, aux "sous-hommes" (les premiers hommes ? les sociétés "non avancées" par rapport à nous ?).

Tout le problème tourne autour de la question de savoir si la croyance en Dieu est absurde, irrationnelle. Tu trouveras d'utiles ressources pour ton devoirs en consultant les cours ci-contre. le premier se demande si la croyance en Dieu est irrationnelle. Le second, si la croyance tout court est irrationnelle.

Pour aller plus loin, je te conseille le texte de Comte, ci-dessous :

Comte Cours de philosophie positive (1630 - 1842), Première leçon La marche progressive de l'esprit humain

En étudiant le développement total de l'intelligence humaine dans ses diverses sphères d'activité. depuis son premier essor le plus simple jusqu'à nos jours. je crois avoir découvert une grande loi fondamentale, à laquelle il est assujetti par une nécessité invariable, et qui me semble pouvoir être solidement établie, soit sur les preuves rationnelles fournies par la connaissance de notre organisation. soit sur les vérifications historiques résultant d'un examen attentif du passé. Cette loi consiste en ce que chacune de nos conceptions principales. chaque branche de nos connaissances. Passe successivement par trois états théoriques différents : l'état théologique, ou fictif; l'état métaphysique, ou abstrait; l'état scientifique, ou positif. En d'autres termes, l'esprit humain, par sa nature, emploie successivement dans chacune de ses recherches trois méthodes de philosopher, dont le caractère est essentiellement différent et même radicalement opposé ; d'abord la méthode théologique. Ensuite la méthode métaphysique, et enfin la méthode positive. De là trois sortes de philosophies. ou de systèmes généraux de conceptions sur l'ensemble des phénomènes. qui s'excluent mutuellement; la première est le point de départ nécessaire de l'intelligence humaine; la troisième son état fixe et définitif; la seconde est uniquement destinée à servir de transition. Dans l'état théologique. l'esprit humain. Dirigeant essentiellement ses recher¬ches vers la nature infinie des êtres, les causes premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot, vers les connaissances absolues, se représente les phéno¬mènes comme produits par l'action directe et continue d'action surnaturels plus ou moins nombreux. dont l'intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l'univers Dans l'état métaphysique, qui n'est au fond qu'une simple modification générale du premier. les agents surnaturels sont remplacés par des forces abstraites. véritables entités (abstractions personnifies inhérentes aux divers êtres du monde, et conçues comme capables d'engendrer par elles-mêmes tous les phénomènes observés, dont l'explication consiste alors à assigner pour chacun l'entité correspondante. Enfin, dans l'état positif, l'esprit positif, reconnaissant l'impossibilité d'obtenir des notions absolues, renonce à chercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes. pour s'attacher uniquement à découvrir, par l'usage bien combiné du raisonnement et de l'observation, leurs loi effectives. c'est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude. L'explication des faits, réduite alors à ses termes réels, n'est plus désormais que la liaison établie entre les divers phénomènes particuliers et quelques faits généraux dont les progrès de la science tendent de plus en plus à diminuer le nombre. Le système théologique est parvenu à la plus haute perfection dont il soit susceptible, quand il a substitué l'action providentielle d'un être unique au jeu varié des nombreuses divinités indépendantes qui avaient été imaginées primitivement. De même, le dernier terme du système métaphysique consiste à concevoir, au lieu des différentes entités particulières, une seule grande entité générale, le nature, envisagée comme le source unique de tous les phénomènes. Parallèlement, la perfection du système positif. vers laquelle il tend sans cesse, quoiqu'il soit très probable qu'il ne doive jamais l'atteindre, serait de pouvoir se représenter tous les divers phénomènes observables comme des cas particuliers d'un seul fait général, tel que celui de la gravitation. par exemple... (…)
Cette révolution générale de l'esprit humain peut d'ailleurs être aisément constatée aujourd'hui, d'une manière très sensible. quoique indirecte, en considérant le développement de l'intelligence individuelle. Le point de départ étant nécessairement le même dans l'éducation de l'individu que dans celle de l'espèce, les diverses phases principales de la première doivent représenter les époques fondamentales de la seconde. Or, chacun de nous. en contemplant sa propre histoire. ne se souvient-il pas qu'il a été successivement, quant à ses notions les plus importantes, théologien dans son enfance, métaphysicien dans sa jeunesse. Et physicien dans sa virilité ? Cette vérification est facile aujourd'hui pour tous les hommes au niveau de leur siècle.

 

 

 

Quelques précisions sur le texte :

 

1) Qu’est-ce que le positivisme ? Comte, dans les Cours de philosophie positive, est l'inventeur du "positivisme". Il parle avant tout d'"esprit positif" ; cet état désigne l'état de l'esprit humain, à l'"âge de la science". Cet âge de la science désigne l'état de maturité de l'esprit humain. Un mot d'ordre : seule la science est une manière de penser digne de ce nom. Conséquence : tout devra être scientificisé (positivisme = scientisme).

2) La religion est ici du côté de l’ignorance, de l’enfance. Manière illusoire d’appréhender le monde

Commentaire : Comte nous dresse ici le tableau des progrès de l'esprit humain. Progrès dans la manière de penser, dans l'attitude face au monde, et par conséquent, dans la manière d'agir (d'être, dans le monde qu'il comprend de telle façon). Ce ou ces progrès est exprimé sous la forme d'une "loi" (il est donc nécessaire et universel), appelée "loi des trois états". Il y a trois états de l'humanité, et tout peuple, ainsi que tout individu, doit d'abord passer par la premier, pour passer au second, et parvenir au terme du progrès. Ces trois états sont les suivants :

 

Enfance = état théologique

adolescence = état métaphysique

âge adulte = état scientifique

 

 

En quoi consiste chaque étape ? Et en quoi consiste le progrès ?

 

Dans son enfance, l'esprit humain (à la fois celui de l'homme en général, et celui de tout individu) commence par être théologien. Il recherche alors l'origine première ou la fin dernière des phénomènes, et croit les trouver dans des intentions qui animent les objets ou les êtres (fétichisme), l'action d'êtres surnaturels (polythéisme) ou celle d'un Dieu créateur (monothéisme). L'esprit humain est anthropomorphiste : il a tendance à peupler la nature de forces ou de dieux dont il conçoit l'action sur le mode de l'action humaine, ie, comme intentionnelle (finalité naturelle).

A l'adolescence, l'esprit humain devient métaphysicien. Aux dieux de l'âge théologique, il substitue des principes abstraits (exemple : la Nature, la Matière). L'esprit a progressé car ses explications sont devenues plus rationnelles, il s'est dégagé de l'anthropomorphisme. Mais, théologie ou métaphysique, la démarche reste la même : il s'agit de rechercher une causalité première et absolue du monde.

A l'âge adulte, l'esprit humain est devenu scientifique. Plus précisément, il est devenu positif. Qu'est-ce à dire ? Par le terme de positif, Comte veut dire qu'il est devenu relatif : ie, il a renoncé aux explications absolues, théologiques ou métaphysiques, et son mode de pensée est celui des sciences expérimentales : il observe les faits, repère les relations constantes qu'ils ont entre eux, ie, les lois, et ne cherche plus à connaître les causes premières (sous-entendu : elles sont inaccessibles). Exemple : la loi de la gravitation de Newton ne dit rien sur l'origine ou la cause première (ultime) des phénomènes gravitationnels; elle se contente de dire quelles relations constantes existent, pour les corps, entre leur masse et leur distance.

Qu’ils soient grecs ou hindous, les dieux ne sont que les produits de l’imagination des hommes ; ils permettent de répondre facilement aux interrogations que nous formulons face aux événements qui nous entourent ; mais ce n’est pas une véritable explication des mécanismes du monde réel (explication de la tempête : le résultat d’une baisse de la pression atmosphérique, provoquée par tel changement survenu ailleurs) Ici par conséquent, on définira le phénomène divin = tout phénomène que nous renonçons à comprendre. L’esprit religieux serait donc irrationnel… Cf. balbutiements d’explication de la réalité, pré-science…

 

 


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