La Politique et la Morale

La Politique : L'Etat - Toutes Séries

Sujets 

L’État est-il l’ennemi de la liberté ?

Quelle est la fin de l’État ?

Les concepts 

-          état de nature : fiction ; sert à voir pourquoi les hommes ont institué l’État, et si l’État est bien ou pas pour l’homme

-          contrat social : pacte d’association (fictif) par lequel les hommes ont institué l’État, d’un commun accord, en cédant tout ou une partie de leurs droits (envers un seul chez Hobbes, qui a tous les pouvoirs, envers tous et donc envers nous-mêmes chez Rousseau, ce qui est censé sauvegarder réellement les libertés)

-volonté générale : concept rousseauiste ; manière de décider de quelque chose, ou d’agir, en se mettant à la place de chacun, en se disant : « est-ce bien pour tout le monde, et pas seulement pour moi ? » (volonté que j’ai en tant que citoyen, et non en tant qu’homme) ; étant rationnelle, cette volonté est ma véritable volonté ;celle que j’ai en tant qu’individu particulier, est erronée et m’asservit (cf. vraie et fausse liberté)

-droit naturel et droit positif : le droit positif concerne les lois édictées par l’État ; le droit naturel concerne tous les hommes en tant qu’hommes, quel que soit leur pays d’origine ; idée de ce qui est digne de l’humanité (la liberté est le plus grand droit naturel) ; les lois positives ne correspondent pas toujours au droit naturel, elles sont alors légales et non légitimes

Les grands auteurs :

1) Aristote, Politiques : si l’État (cité) est une réalité naturelle, c’est en tant que l’homme est un être naturellement sociable : il est fait pour vivre en société, il n’est pas humain s’il vit seul

2) Hobbes, Leviathan :

-          l’État est nécessaire, mais c’est un pis-aller, qui vient de la nature non sociable des hommes : il est institué volontairement, certes, mais cela, parce que nous voulons cesser de nous entretuer, parce que nous voulons survivre ; l’état de nature est en effet un état de guerre permanente de tous contre tous ; la liberté qu’on y trouve est certes absolue, mais c’est aussi la liberté la plus menacée qui soit, car c’est la liberté de prendre le risque de mourir à chaque instant

-          l’État ce n’est pas vraiment « nous », mais il nous représente : il est tout entier dans les mains d’une seule personne qui a tous les pouvoirs (et nous, nous n’en avons donc aucun, même si nous l’avons choisie et voulue…) ; drôle de liberté quand même, donc !

3) Rousseau, Du contrat social :

-          à l’état de nature, nous étions heureux et seuls ; mais progressivement nous nous sommes assemblés et alors, l’État est devenu nécessaire ; mais de toute façon, l’État est finalement un gain de liberté, car il nous fait vouloir ce que nous voulons vraiment (cf. notion de volonté générale)

-          nous avons abandonné nos droits, non à un seul, mais à tous (idée de démocratie directe) (à nous-mêmes en tant que citoyens)

La Politique : Le Droit - Toutes Séries

Le droit et la morale

Fonction générale du droit : assurer la paix et la sécurité (nécessité sociale)

Droit positif

Règles ou lois écrites par le législateur, à un moment donné, dans une société donnée (correspondent donc à des besoins précis).

Elles sont faites pour être obéies : elles sont donc accompagnées de sanctions.

Droit naturel

Règles ou lois qu’on trouve en exerçant notre raison, en réfléchissant sur la nature de l’homme, et ce qui lui est dû.

Ne pas confondre :
1) la conscience morale = subjectivité ;
2) les droits de l’homme –ce que la nature humaine « exige » = objectivité (ne pas attenter à la dignité de l’être humain, ne pas aller contre la liberté, etc.)

On parle ici de droit « naturel » parce qu’il est en conformité avec la nature de l’homme, et parce qu’il est supposé pouvoir s’appliquer à tout homme, dans n’importe quelle société. Il et synonyme de « droit moral ».

Il sert à juger de la validité du droit positif , qui doit être en conformité avec le droit naturel pour être non seulement « légal » mais encore « légitime ».

Droit

Le droit répond avant tout à une nécessité sociale : il faut que les hommes puissent vivre ensemble sans que leurs libertés finissent par engendrer des conflits. Ce qui donc intéresse avant tout le législateur, c’est que les lois soient obéies, qu’importe le motif pour lequel les gens y obéissent : que vous trouviez ou non la loi bonne, juste, il faut y obéir. Si vous obéissez donc à une loi juridique, c’est avant tout par intérêt, pour ne pas avoir de sanction. Vous pouvez certes y obéir par respect pour la moralité de la loi, mais ce n’est pas essentiel : que vous ne le fassiez pas n’annule pas la validité de la loi.

Exemple : « si tu ne veux pas finir tes jours en prison, alors ne tue pas ton prochain »

Morale

Dans le domaine moral, par contre, on ne peut pas dire que votre action est morale si vous obéissez à la loi par intérêt, par peur de la sanction. Ici, vous obéissez à la loi parce que vous la trouvez, en votre for intérieur, bonne, juste.

Exemple : « il ne faut pas tuer ton prochain », car l’homme a une valeur en soi, et donc, parce que c’est mal en soi de tuer un autre homme.

 

Contrainte

Vous obéissez à un ordre ou à une loi de façon contrainte quand vous n’avez pas le choix : il faut y obéir, ou bien vous perdrez la vie, par exemple (cf. « la bourse ou la vie »). Mais vous n’acquiescez pas, en vous-mêmes, à la valeur de cet ordre ou de cette loi. Ils s’opposent donc à votre liberté car ils vous poussent à faire quelque chose que vous ne voulez pas faire, et dont vous ne pouvez accepter la validité.

Obligation

Par contre, si vous obéissez à un ordre ou à une loi sans y être forcé, et en acquiesçant à ce qu’ils prescrivent, alors, on dit que vous n’êtes pas contraint d’obéir, mais que vous êtes obligés. L’obligation d’obéir a une valeur morale que n’a pas la contrainte d’obéir. Et elle ne s’oppose pas à votre liberté puisque ce à quoi vous obéissez, vous auriez pu vous-même l’édicter : vous trouvez que c’est bien, juste, on ne vous « pousse » pas à le faire. Cf. Distinction kantienne hétéronomie/ autonomie ainsi que la fameuse phrase de Rousseau « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté »

La philosophie du contrat social

Notions à retenir : contrat social ; état de nature/ état civil ; nature de l’homme = non naturellement sociable

Hobbes : état de nature négatif (état de guerre de tous contre tous ; « l’homme est un loup pour l’homme ») ; nécessité de quitter l’état de nature et d’abandonner nos droits et liberté illimités, de les échanger contre la paix et la sécurité ; contrat social au profit d’un seul qui est hors contrat

Rousseau : ce n’est pas à un seul mais à tous donc à nous-mêmes, que nous abandonnons notre liberté naturelle ; au bout du compte, l’obéissance à la loi ne s’oppose pas à la liberté puisqu’on ne que peut vouloir ce qu’on a décidé nous-mêmes en tant que citoyen (distinction sujet/ citoyen) ; c’est le citoyen qui fait la loi, et il décide de la loi en mettant de côté toutes ses pulsions, tous ses intérêts égoïstes (distinction volontés particulières et volonté générale

Le droit rejoint donc le problème de la liberté

La liberté véritable réside-t-elle dans l’état de nature (elle est alors liberté de faire tout ce qu’on veut) ? Ou bien réside-t-elle dans l’état civil (elle est alors limitée par la loi) ?

Liberté naturelle, non limitée par la loi = fausse et liberté civile (limitée par des lois) = vraie liberté, parce que la première s’auto-détruit (point commun Hobbes et Rousseau) mais surtout, cf. Rousseau, « l’impulsion du seul appétit est esclavage » et « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » (ici conception rationnelle de la liberté : maîtrise de soi, ie, de ses instincts primitifs, dont on trouve le modèle dans la volonté générale, dans l’exercice de la citoyenneté)

 

Note complémentaire sur la liberté :

La liberté est certes définie communément comme la capacité de faire tout ce qu’on veut (donc comme la liberté de se laisser aller à satisfaire tous ses instincts) mais aussi comme absence d’empêchement, de toute contrainte. La notion de droit nous a permis de voir en quoi cette conception ne va pas de soi et est même une fausse conception de la liberté : la liberté suppose la réflexion, l’usage de la raison ; et n’est pas contredite par l’existence de lois, d’une certaine discipline (on peut donc faire un parallèle entre discipline des lois civiles et discipline qu’on s’impose à nous-mêmes par la raison, comme le fait de façon exemplaire Rousseau).

Mais elle est encore définie, au niveau individuel, comme libre-arbitre : choix entre plusieurs possibilités, qui n’est déterminé par rien (j’en suis seul à l’origine, et « j’aurais pu agir autrement »). Sorte de pouvoir absolu qu’aurait l’homme, de décider à partir de rien (tout comme Dieu a créé l’homme et le monde « ex nihilo », comme ça, pour le plaisir). Le modèle de la liberté serait donc l’acte gratuit. Fait pour rien (aucun but ne vous détermine) mais aussi sans que rien ne vous y détermine (pas de cause). Spontanéité

Problème : un événement sans cause est-il possible ? Cela s’oppose aux lois de la nature, au déterminisme naturel, qui stipule que rien n’arrive sans cause et que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Tous les événements naturels sont une suite des lois de la nature ; de même, tout ce que fait ou décide un individu est une suite de son passé, de son éducation, de la société où il vit, ses passions, ses pulsions etc. Cela s’oppose à l’existence de la liberté, puisque cela signifie que tout ce que je fais, tout ce que je décide, est nécessaire, suit de quelque cause dont je ne suis pas l’origine, que je n’ai pas décidé moi-même.

Comment sauver la liberté ? De deux manières :


1) en disant que le déterminisme naturel ne se confond pas avec la nécessité : on va dire que le déterminisme est général, il vaut des lois de la nature (si A alors B) ; mais pas des événements particuliers (si pas A alors pas B !). Il n’est donc pas nécessaire que ce qui arrive, arrive ! Par conséquent, le déterminisme naturel n’empêche pas la liberté, bien au contraire : plus on connaîtra la nature, plus on pourra s’en servir pour réaliser « ce qu’on veut » ! Au niveau individuel, on peut très bien aussi se libérer de ce qui nous détermine (inconsciemment) en en prenant conscience (c’est toute l’entreprise de la psychanalyse)


2) on peut dire aussi que nos actions ont des causes (extérieures à nous = mobiles) mais aussi des raisons (intérieures à nous = motifs). Une raison d’agir est une explication claire que l’on peut donner de ce qu’on fait. Pas spontanéité ou acte gratuit, irréfléchi

La Morale : La Liberté - Toutes Séries

Sujets

Etre libre, est-ce faire ce qui nous plaît ?

Etre libre, est-ce pouvoir choisir ?

La liberté réside-t-elle dans la spontanéité ?

Suis-je d’autant plus libre que je suis indifférent au jugement d’autrui ?

Définitions, concepts

La liberté s’oppose d’abord à tout ce qui est de l’ordre de la contrainte. Champ conceptuel : être libre c’est ne pas être contraint à, ne pas être forcé de, ne pas dépendre de quelque chose d’extérieur. Cf. rapports maître/ esclave (à l’origine, être libre, c’est ne pas être l’esclave de).

Conséquence concernant la définition de la liberté : la liberté est le pouvoir d’agir indépendamment de toute contrainte.  Etre libre c’est faire ce que je veux, c’est faire ce que je décide seul, etc.

Par suite, être libre c’est avoir le pouvoir de décider ou de choisir sans que personne ni rien ne me pousse à le faire (liberté de l’esprit, plus que liberté du corps). C’est ce qu’on entend communément par libre-arbitre. Se dit, plus que de l’esprit, de la volonté (faculté de l’esprit). La volonté est dite libre quand rien ne la pousse à vouloir ceci plutôt que cela.

La liberté s’oppose, non seulement à la contrainte, mais encore, à la nécessité (définition : ne pas pouvoir être autrement), et plus précisément, à la nécessité naturelle (définition : lois de la nature, réseau ou enchaînement de causes et d’effets), donc, à la nature.  En effet, ce qui est nécessaire en ce sens, comme par exemple, manger pour survivre, je ne le décide pas, cela m’est imposé de l’extérieur. La liberté se pense donc comme dégagement de la nécessité naturelle, comme arrachement au règne des lois naturelles. Ici, on peut dire que le summum de la liberté, c’est donc de pouvoir faire ce qui n’est nullement nécessaire (boire du vin et non pas de l’eau, porter de beaux vêtements,… mais aussi, lire, cultiver son esprit).

Problèmes philosophiques

1) Quel contenu donner à la contrainte ?

 La nécessité naturelle ? Les autres ? Les lois ? La présence des autres, et les lois, sont en effet des empêchements pour moi : ils m’empêchent de faire tout ce que je veux. Mais ici, il faut montrer que faire ce que nous « voulons » est une notion ambiguë : en effet, on doit faire une distinction entre faire ce que nous désirons, ce qui nous « plaît », et faire ce que nous voulons vraiment, ce qui est bien pour nous. Cela ne coïncide pas toujours. D’autant plus si nous nous laissons aller à agir au gré de nos passions, de nos désirs, de nos instincts : il y a de fortes chances pour que je ne fasse pas toujours ce qui est bien pour moi (cf. abus d’alcool, gourmandise, etc.). Je suis alors non libre, car assujetti à mes instincts, à mes pulsions, mes passions. Et cela n’est pas digne d’un homme : nous avons besoin de discipline, de réflexion, donc, des lois, nécessitées par le fait que je ne vis pas seul, afin d’être véritablement libre. On dira qu’être libre c’est se dégager des pulsions naturelles (cf. . nécessité naturelle) et advenir à l’humanité. Ce n’est pas à proprement parler faire ce qu’on veut, mais « vouloir comme il faut ». Cf. Platon, Gorgias

Les lois, ou la discipline en général,  ne sont donc pas des contraintes mais des obligations… La seule contrainte qui vraiment s’oppose à ma liberté, c’est l’usage illégitime de la force contre moi (exemple : « la bourse ou la vie ») ou bien une loi injuste, qui m’empêche d’accéder à l’humanité (cf. lois racistes). Cf. Rousseau, CS, I, 8 ; cf. aussi problématique hobbesienne

Reste encore la nécessité naturelle (lois de la nature) : elle s’oppose à ma liberté ! Je ne peux faire, par exemple, qu’il devienne inutile de manger pour survivre ! Mais on peut dire qu’il ne dépend que de nous d’avoir une attitude appropriée face à la nécessité naturelle : cf. les stoïciens ou Spinoza (acceptation de ce qui arrive, ne pas vouloir l’impossible, etc.)

2) Liberté, libre arbitre, délibération

Libre arbitre : pouvoir de choix entre deux contraires, sans être déterminé par rien à ce choix (cf.  « j’aurais pu agir autrement »). Le libre arbitre peut être entendu a) négativement, comme liberté d’indifférence, ou bien  b) positivement.

a)       Dans sa première acception, il est synonyme de l’acte gratuit : on prend à la lettre la définition de l’acte libre comme étant l’acte fait sans qu’on soit déterminé par rien du tout = au bout du compte, ça donne un acte accompli sans aucune raison (puisque cette « raison » serait une cause, ou une détermination, de l’action). Tout « parce que », qu’il renvoie à une cause ou à un motif, est à bannir. Ici, moins on a de raisons pour faire ce qu’on fait, plus on est libre. Cf. Gide, Les caves du vatican.

b)       cette acception du libre-arbitre correspond en fait au « plus bas degré de la liberté » -dixit Descartes dans une lettre à Mesland- ou bien même à une non-liberté. En effet, quand vous agissez sans raison aucune, vous ne savez pas pourquoi vous faites ce que vous faites. Vous êtes alors semblable à un animal, vous obéissez peut-être à vos instincts, etc. Toute vraie liberté est éclairée, motivée. C’est qu’il ne faut pas confondre « cause » et « raison » ou bien encore, « mobile » et « motif » : si la cause ou le mobile sont extérieurs à vous et vous déterminent donc à votre insu (déterminisme naturel, inconscient, passions, contrainte, etc.), la raison ou le motif viennent de vous (obligation, décision longuement mûrie, raison, etc.). Ici, vous n’êtes pas semblable à un animal, vous réfléchissez…

cette acception est donc compatible avec la délibération (alors que la première ne l’est pas : pour elle, la liberté résiderait dans la spontanéité, et toute réflexion, tout motif, est déterminant). Etre libre c’est agir en connaissance de cause, c’est réfléchir sur les moyens pour arriver à une fin, c’est savoir pourquoi on agit ainsi et pas autrement, c’est avoir une raison de le faire (même si on admet bien sûr toujours qu’on aurait pu faire autrement). ici, plus on a de raisons de faire ce qu’on fait, plus on est libre.

Définition réelle de la liberté : capacité de choix réfléchi, rationnel, non déterminé par des penchants = acte accompagné de délibération, i.e., d’une réflexion sur les moyens et motifs nous permettant d’atteindre une certaine fin posée préalablement.

Grands textes

Hobbes, Léviathan, l’état de nature comme liberté illimitée (droit de faire tout ce qu’on veut)… mais contradictoire (liberté de mourir à chaque instant, donc, menacée !)

Platon, Gorgias : être libre c’est faire ce qui est bien pour nous, ce qui nous rend dignes de l’humanité, et non satisfaire tous ses désirs… c’est donc maîtriser ses instincts, pulsions, passions

Rousseau, Contrat social, I, 8 : « l’impulsion du seul appétit est esclavage et  l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » (loi autonome, et non hétéronome : qui vient de nous, et non d’une volonté extérieure) 

Stoïciens : être libre, c’est accepter que ce qui arrive, et ce qui ne dépend pas de nous, arrive (attitude de l’esprit devant la nécessité) ; celui qui se lamente sera traîné par la nécessité, il subira les événements ; celui qu les accepte, comprend qu’on ne peut rien y faire, et est heureux… Cf. Manuel d’Epictète.


Développement sur les stoïciens :

Chez les stoïciens, l’éthique est indissociable d’une théorie de la connaissance et d’une philo de la nature. Le monde est pour eux un cosmos, un ordre. Et être sage, c’est savoir qu’il y a ordre et savoir quel il est, autant que possible. Une fois l’ordre connu, on aperçoit alors que tout ce qui arrive, arrive selon un ordre nécessaire. Il est donc vain et irrationnel de le refuser. Les désirs nous transportent dans l’irréel.  La raison, elle, nous conduit à vouloir les choses comme elles sont, et donc à changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde.

On pourrait objecter qu’on ne connaît pas l’ordre du monde, et que nous ne pouvons par conséquent pas nous y soumettre. La solution est d’accepter les événements tels qu’ils arrivent. La seule chose qui dépende entièrement de nous, ce sont les représentations que nous nous faisons des choses :

il y a ce qui dépend de nous, et ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot, toutes nos œuvres propres; ne dépendent de nous le corps, les hautes charges, en un mot, toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres. Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave; celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves, facilement empêchées, propres à autrui” (Epictète, Manuel, I, 1).

Les représentations ne sont pas dans les événements eux-mêmes. Elles viennent de moi. L’illusion est de croire que ce qui vient de moi vient de l’événement. Il n’y a que des événements heureux ou tristes. Donc, comme le dit Epictète, ce ne sont pas les événements qui troublent les hommes, mais les jugements qu’ils portent sur les événements.

Par exemple, je tombe malade. En soi, ce n’est ni heureux, ni malheureux. Je ne suis malheureux que si je juge que je ne devrais pas être malade. Il suffit donc de changer ce jugement pour ne plus être malheureux.

Dans le même esprit, pour éviter d’être déçu par ce qui arrive, il suffit de ne rien attendre de ce qui peut arriver.

User de ces représentations consiste à délimiter le moment présent, et à s’y tenir. La bonne attitude devant l’événement consiste, après avoir dépouillé notre jugement de tout ce qui venait de nos désirs et de nos délires, à ajouter à sa nécessité la liberté de notre consentement.

Il y a pour les stoïciens deux styles de vie :

1- celui des insensés qui se laissent gouverner par leurs affects, et par conséquent par les événements qui sont causes de ces affects.

2- Celui des sages ou de ceux sui sont en voie de devenir sages. Ils ne sont pas insensibles, mais ils conçoivent leur rapport aux événements sous la forme du jeu. Dans certaines circonstances, ils joueront à être malheureux, mais ils ne le seront pas vraiment.

Souviens-toi que tu es comme un acteur dans le rôle que l’auteur dramatique a voulu te donner... Il dépend de toi de bien jouer le personnage qui t’es donné, mais le choisir appartient à un autre”.

La liberté consiste donc essentiellement dans cette capacité à bien user de nos représentations. Dans la mesure où seul l’exercice de la pensée dépend de moi, être libre, ce sera toujours conserver libre notre pensée.

La Morale : La morale Kantienne - Toutes Séries

Résumé: la notion de morale chez Kant permet clairement de distinguer l'action moralement bonne de l'action conforme aux moeurs ou au droit. On peut très bien obéir à la loi sans y adhérer, ou agir conformément au bien sans pour autant trouver en son for intérieur que c'est bien : pour Kant, ce genre d'acte ne peut être appelé moralement bon.

Question que se pose Kant : question de philosophie morale (éthique = réflexion sur la valeur de la morale commune) = comment savoir si mon action est conforme à la morale, au « bien » ?

A- Il s’agit donc de donner le ou les critères de la moralité d’une action.

1) l’action bonne = celle qui est faite en conformité avec le bien ?

Au premier abord, c’est tout simple : l’action moralement bonne est celle qui est accomplie en conformité avec les règles/ lois morales (le bien). C’est faire le bien, point. Par exemple, si la loi morale dit « il ne faut pas tuer », on agirait moralement en respectant cette loi, et donc, en ne tuant pas.

Problème : pour Kant ce critère ne suffit pas, il ne rend pas compte des cas dans lesquels on pourrait avoir une action extérieurement conforme à la morale, mais pas intérieurement. On retrouve d’ailleurs ici notre distinction droit et morale : Kant dit bien qu’ici cela ne rend pas compte de la distinction entre droit et morale, entre légalité des actions et moralité des actions.

Exemples : on peut très bien ne pas tuer, comme nous l’avons vu, par peur d’aller en prison, donc par intérêt ; un commerçant peut à première vue paraître honnête quand il ne fixe pas ses prix à la tête du client, mais il ne le fait peut-être pas parce que c’est bien, en vue de faire le bien : c’est peut-être tout simplement parce qu’il a intérêt à le faire s’il veut qu’on continue à venir faire ses courses chez lui ; on peut encore porter secours à son prochain non pour faire le bien mais par intérêt : plaire à son amant (e), être reconnu comme un héros, avoir peur d’être accusé pour non assistance à personne en danger, etc.

On voit bien, à travers ces exemples, en quoi le critère de la conformité avec ce qui est bien ne suffit pas à rendre votre action morale : une action peut en effet être extérieurement conforme à la loi morale, mais pas intérieurement. Il faut avoir l’intention d’agir par devoir.

Une action est donc moralement bonne quand le seul souci/ but de notre action est de faire le bien pour le bien

En morale, aucune contrainte ne peut être légitime sans contradiction : ce qui importe ici est la pureté de l’intention, la conformité intérieure à la règle morale, et non seulement extérieure. On peut donc dire qu’on peut forcer quelqu’un à obéir à la loi juridique, non à la loi morale.

Cf. hétéronomie et autonomie : quand il y a sentiment de contrainte, il y a hétéronomie : la loi vient de l’extérieur, d’ailleurs, sans que vous sentiez son bien-fondé ; il y autonomie quand vous sentez le bien-fondé de la loi, et tout se passe alors comme si c’était vous qui l’aviez édictée ; cf. formule qu’on retrouvera chez Rousseau (Contrat Social, I, 8) : « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté »

Cf. impératif hypothétique : « si tu veux… alors tu dois… » (habileté, technique : concerne la façon d’obtenir une fin, sans se demander si cette fin est bonne ou pas). Pas contraire à la morale mais amoral et peut avoir pour conséquence l’immoralité.

Exemples : comment guérir un malade = amoral et pas immoral ; comment empoisonner quelqu’un = immoral.

2) morale et devoir = « morale déontologique »

Une action morale est une action complètement désintéressée, dans laquelle on ne met rien de nos intérêts, désirs, sentiments, etc. Il s’agit d’agir de manière impartiale. On comprend ici pourquoi depuis le début on parle de lois en termes de devoirs, d’impératifs : la morale s’impose à des tendances spontanées de l’homme qui viennent du fait qu’il a une affectivité. La morale ressort chez Kant de la raison, pas du sentiment : on n’est pas spont moraux et c’est la raison en lutte contre nos tendances affectives qui nous rend moraux (cf. raison pratique). = « morale déontologique » = du devoir, de l’obligation, car contraint notre sensibilité.

3) détermination d’un critère formel (l’action morale n’est pas repérable par un contenu = acquis avec distinction extériorité et intériorité ; donc : reste un critère de forme)… : « l’impératif catégorique » (= bon en soi et seulement en soi, pas pour autre chose) « cf. « Agis comme si la maxime de ton action pouvait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature ».

Problème : c’est bien abstrait ! n’oublions pas qu’on recherche un critère : on veut savoir comment faire pour agir moralement ; mais comment sait-on qu’on agit réellement par intention de faire le bien ?

La première détermination que donne Kant vient de cette impartialité idéale de l’action morale : il nous propose une sorte de test d’universalisation de nos actions (cf. analogie avec les lois de la nature…). Une règle d’action qu’on se donne peut-elle devenir la règle de tout homme placé dans une même situation ? Puis-je vouloir que tous fassent comme moi sans exception ? Si non alors c’est qu’on veut faire une exception pour soi, c’est subjectif et non objectif et donc pas moral.


Exemple : le mensonge : peut-il être universalisable sans contradiction ? Je ne dois jamais me demander s’il peut parfois être avantageux de mentir mais si je puis vouloir un monde dans lequel chacun pourrait mentir à son gré. Si oui alors plus personne ne croirait l’autre et donc aussi moi-même (embêtant à mon propre niveau mais aussi dramatique pour la société qui repose sur des contrats et des promesses).

Deuxième formulation : « agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ».

B- Peut-on critiquer Kant ?


1) on peut reprocher à sa philosophie morale d’être une morale de l’intention,

qui ne se soucie pas des conséquences, ni des circonstances : jamais d’exceptions à la règle ! (et alors, qu’il serait facile d’agir moralement…) ;

2) et surtout, conception trop abstraite de l’humanité :

il y a en fait une pluralité de personnes, d’où, il faut inventer des comportements appropriés à la singularité des cas…. (cf. seconde formulation de l’impératif catégorique versus première formulation)

- cf. D’un prétendu droit de mentir par humanité : cas de terroristes qui cherchent votre ami réfugié dans votre grenier pour le tuer : vous devez selon Kant dire la vérité ! Pourtant, ceux qui ne respectent pas l’humanité ont-ils droit au respect ? Doit-on préférer un principe moral abstrait au respect d’un individu humain ? Dans la philosophie de Kant, le respect de la loi va contre une des formulations de la loi, cf. celle selon laquelle il ne faut jamais traiter autrui seulement comme un moyen mais toujours en même temps comme une fin ; or, ici, votre ami ne vaut pas grand-chose pour vous ! Vous le sacrifiez à une loi !

- cf. qqn atteint d’un cancer : faut-il toujours dire la vérité ? est-ce toujours moral de … ? par respect/ souci de l’autre, il faut parfois savoir mentir ! ici, exception à loi morale par respect de l'homme, non en tant qu'homme, que représentant de l'humanité, mais qu'individu concret (mensonge = au service d'une intention morale = respecter l’autre comme individu)

3) si ce reproche vaut dans le domaine moral lui-même, il vaut aussi en politique,

cf. concept de Raison d’Etat = parfois, pour des fins « bonnes » (en politique = sauvegarde d’une nation, paix et sécurité – « le salut du peuple est le bien suprême »; ou bien tout simplement, conservation du pouvoir, de l’Etat) on a exceptionnellement le droit d’utiliser des moyens immoraux ; seul le détenteur de l’autorité souveraine a le droit de décider de la nécessité de recourir à ces moyens.

- Cf. Machiavel, le réalisme politique (Le Prince, chapitre 18)

- M. Weber, Le métier de savant et de politique, morale de conviction versus morale de la responsabilité : en politique, celui qui se préoccuperait uniquement de la pureté de son intention sans se préoccuper des conséquences de ses actes, serait quelqu'un d'irresponsable !

La Morale : Le Bonheur - Toutes Séries

Sujets

Rapports bonheur et politique Rapports bonheur et raison/ morale Sujets généraux
Le bonheur est-il affaire privée ?
Le bonheur est-il affaire de politique ?
Peut-on être heureux dans la solitude ?

Le bonheur nous échoit-il ?
La raison conduit-elle au bonheur ?

Un homme libre est-il nécessairement heureux ?

Le bonheur est-il inaccessible à l’homme ?
Faut-il rechercher le bonheur ?


Définitions

Distinction bonheur et plaisir : le bonheur est de l’ordre du sentiment, du bien-être, certes, tout comme le plaisir. Mais le plaisir n’est pas un état durable, il n’existe que dans l’instant. Le bonheur, lui, se définit comme un état durable. Un homme heureux serait ainsi un homme qui vivrait en harmonie totale (en accord) avec le monde extérieur (et donc, avec les autres, et avec lui-même). Le bonheur, c’est la vie dans laquelle ne réside aucune insatisfaction.

Souverain Bien : le bonheur est la fin vers laquelle tend tout homme. Tout ce que nous le faisons, nous le faisons en vue du bonheur. Dire que le bonheur est le souverain bien de l’homme, cela veut dire qu’on ne saurait penser aucun bien supérieur au bonheur. Tout ce que nous faisons est fait en vue d’une fin (le bonheur), mais le bonheur n’est recherché qu’en vue de lui-même. Il n’est moyen d’aucune fin.

Distinction eudémonisme et hédonisme :

Ces deux doctrines de l’antiquité se rejoignent en ce que l’homme doit tout faire pour chercher le bonheur (base de leurs conceptions : le bonheur est le bien suprême de l’homme) Par contre, pour les uns, les hédonistes, le bonheur est synonyme de plaisir ; pour les autres, les eudémonistes, le bonheur est synonyme de rationalité.

o Hédonisme

cf. Epicure, Lettre à Ménécée ; ce qui prime avant tout c’est la recherche du plaisir ; mais attention, contrairement à ce qu’on dit souvent, Epicure ne prône pas la recherche du plaisir à tout prix : tout plaisir n’étant pas « bon » pour nous, il faut rechercher les plaisirs les plus calmes, les plus faciles à satisfaire en fait. Le bonheur réside ici dans l’absence de douleur, dans une sorte de non-souffrance. Il faut en gros, ici, apprendre à se contenter de peu pour vivre heureux ! Un peu de pain, un peu d’eau… Le vin, les mets raffinés, c’est du luxe, du superflu…. (Je trouve personnellement que cela ramène trop l’homme à l’animal, mais sur le fond, on ne voit pas comment trouver le bonheur si on en veut trop, toujours trop, et du trop raffiné !)

o Eudémonisme

(cf. Platon, La République ; Gorgias ; Aristote, Ethique à Nicomaque). Lien bonheur et morale. Ainsi, selon Aristote, si le bonheur = épanouissement de notre être ; or, qu’est-ce qui est propre à l’homme ? Sa raison, son esprit, sa conscience … Donc : le bonheur consiste dans l’épanouissement de cette raison. La raison étant une faculté à la fois théorique (= a à voir avec la connaissance) et pratique (a à voir avec l’action, la conduite de la vie), alors, le bonheur consistera 1) dans la vie contemplative, philosophique –c’est la conclusion, d’ailleurs, de son Ethique à Nicomaque- ; 2) mais aussi et surtout dans la vie vertueuse. Cf. ci-dessous, définition de la tempérance. Important : ici, le bonheur est donc grosso modo le même pour tout homme. Une certitude au moins : il ne réside pas du tout dans la possession de biens matériels !

Ataraxie : état de tranquillité de l’âme, que recherchent à la fois les épicuriens et les eudémonistes (cf. les stoïciens).

Tempérance : rapport que l’on doit entretenir, dans notre vie, aux plaisirs et désirs : il faut être modéré. La tempérance est une sorte de mélange entre l’épanouissement total de notre être, et la vertu morale. Ici, adéquation entre le bonheur et la bonté d’âme. L’homme heureux = un homme vertueux. Au cœur, par conséquent, des thèses (pour ne pas dire « morales ») eudémonistes !

Auteurs, textes majeurs

Platon

o Gorgias : (cf. cours bonheur et plaisir, et fiche désir) :

le personnage de Calliclès auquel se confronte ici Socrate le « sage », le « philosophe », défend l’idée selon laquelle la vie heureuse est une vie dans laquelle on cherche à assouvir tous ses désirs sans se donner aucune limite, qu’elle vienne de la raison ou des lois civiles. Socrate se moque de lui en lui montrant que la vie qu’il prône est en fait la vie la plus malheureuse car 1) tous les désirs ne sont pas bons pour nous ; et 2) désirer = être en état de manque, donc, perpétuellement insatisfait, ce qui contredit complètement la définition du bonheur ! Etre heureux, par conséquent, = être tempérant (réfléchir avant de vouloir satisfaire ses désirs, écouter sa raison avant ses désirs ; être modéré). Cela signifie que le bonheur a à voir avec l’effort moral. Cela peut paraître au premier abord paradoxal, mais être heureux c’est limiter ses désirs, ses instincts, bref, son côté naturel et bestial. Conséquence : non seulement le bonheur a à voir avec l’effort, avec la raison, mais aussi, avec la liberté. En effet, ne pas oublier que la liberté est elle aussi effort rationnel, plutôt que satisfaction absolue de tous ses instincts et désirs.

o Le Banquet (cf. fiche désir) :

le fait que l’homme désire signifie qu’il n’est pas un être parfait, et implique que l’homme soit un être souffrant, jamais insatisfait. Pourquoi ? Parce que désirer quelque chose c’est être en état de manque. Et surtout, le désir ne cesse jamais même quand on croit être possession de ce qu’on voulait… Cf. ce qui se passe aujourd’hui dans notre société de consommation : le désir est toujours remplacé par un autre… Bref : ici, on se lamente : l’homme ne pourra jamais atteindre le bonheur !

Aristote


o Ethique à Nicomaque (cf. supra, définition « eudémonisme »)

o Politique (cf. cours Etat partie I, ainsi que cours bonheur et politique) :

l’homme n’étant un homme que s’il vit en « cité » (avec ses semblables, et en vivant de manière politique), il ne peut être heureux qu’avec ses semblables, que dans une cité, car c’est en son sein qu’il se réalisera. Si vous avez étudié la thèse d’Aristote, vous devez savoir que selon lui, si l’homme est un animal politique, c’est parce qu’il est doué du langage (enfin, Aristote dit « logos », terme qui signifie à la fois « raison » et « langage », « dialogue ») … Je ne peux ici approfondir ce point, mais ça veut dire que s’il ne développe pas sa faculté du « logos », alors, il ne peut se réaliser. Or, il ne peut la réaliser qu’en communauté ! (Notez ici la dimension politique du langage !)

Les Stoïciens : leur question directrice est la suivante : comment trouver le bonheur, puisque par définition on ne peut être toujours à l’abri des « coups du sort », des infortunes ? On peut perdre un être cher, c’est même nécessaire ; on peut se retrouver à la rue, etc.

La solution est d’accepter les événements tels qu’ils arrivent. La seule chose qui dépende entièrement de nous, ce sont les représentations que nous nous faisons des choses. Les représentations ne sont pas dans les événements eux-mêmes. Elles viennent de moi. L’illusion est de croire que ce qui vient de moi vient de l’événement. Ce ne sont pas les événements qui troublent les hommes, mais les jugements qu’ils portent sur les événements.

Par exemple, je tombe malade. En soi, ce n’est ni heureux, ni malheureux. Je ne suis malheureux que si je juge que je ne devrais pas être malade. Il suffit donc de changer ce jugement pour ne plus être malheureux.

Donc : pour éviter d’être déçu par ce qui arrive, il suffit de ne rien attendre de ce qui peut arriver.

Cependant, présupposé des stoïciens : le monde est pour eux un cosmos, un ordre. Une fois l’ordre connu, on aperçoit alors que tout ce qui arrive, arrive selon un ordre nécessaire… et cette nécessité est rationnelle ! Il est donc vain et irrationnel de le refuser. La raison nous conduit à vouloir les choses comme elles sont, et donc à changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde. Ainsi, faites attention si vous avez déjà entendu l’adage des stoïciens selon lequel il faut « vivre selon la nature » : il s’agit en fait de vivre selon la raison, et non pas selon ses instincts ! Pourquoi ? Parce que pour les grecs de l’antiquité, la nature = cosmos, tout organisé, rationnel, régi par des lois. (Rien à voir, donc, avec l’idéal de vie prôné par Calliclès dans le Gorgias de Platon !)

Kant


o le bonheur comme idéal de l’imagination :

il est variable selon les individus (et par conséquent, même s’il ne le dit pas, selon les cultures !), et même, chez un même individu, selon son âge notamment… Bref, le bonheur, rien de plus subjectif ! il s’oppose complètement sur ce point aux Anciens, qui croyaient, vous avez pu le constater que l’on peut s’entendre sur ce qu’est le bonheur ! (le bonheur était pour eux objectif puisqu’il avait à voir avec l’usage de sa raison !) (cf. cours morale et politique)

Kant, Critique de la raison pratique, I, i, 1, scolie II
Ce en quoi chacun doit placer son bonheur dépend du sentiment particulier de plaisir et de peine que chacun éprouve ; bien plus, dans un seul et même sujet, ce choix dépend de la diversité des besoins suivant les variations de ce sentiment

o le bonheur a à voir avec les désirs :

donc avec le souci majeur de son petit soi qu’on préférera aux autres ! par conséquent lier bonheur et morale c’est hors sujet ! (cf. cours morale kantienne, fiche morale kantienne, cours bonheur et politique)


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