La liberté réside-t-elle dans la spontanéité ?

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Corrigé

Voici quelques conseils de lecture pour préparer cette dissertation.

Précisons que la spontanéité s'oppose à la réflexion, et, ici, à la délibération.

Pour étudier la notion de délibération, je vous conseille de lire Aristote, Ethique à Nicomaque, livre III, surtout les chapitres 4 à 6.

Pour comprendre ce que peut bien être la liberté, si elle est "spontanéité", je vous conseille de lire Sartre, L’être et le néant, pp.505-6 et 517.

Quelques commentaires sur ce texte : dans ce texte, Sartre montre que la délibération est une illusion, i.e., qu’elle n’est pas seulement une erreur sur mes capacités à me déterminer, mais un désir de faire comme si j’étais capable de me déterminer. La prétendue lucidité avec laquelle je me suppose capable de soupeser mes raisons d’agir n’est en fait qu’une illusion de liberté qui masque tous les déterminismes auxquels je me soumets. La délibération est peut-être même plus qu’une illusion, elle serait de l’ordre de la mauvaise foi par laquelle je me donne à moi-même l’impression d’être libre.

Sartre réfute l’idée selon laquelle on pourrait objectiver les motifs et les mobiles, puisque ceux-ci ne sont pas des objets, mais des contenus de conscience. Ils ne font donc qu’un avec moi-même. Cela ne signifie évidemment pas que Sartre s’oppose à la notion de liberté. Mais la liberté, pour lui, ne consiste pas à délibérer : elle est un jaillissement originel, une spontanéité libre. Cf. EN, p.510 : "c’est donc la position de mes fins ultimes qui caractérise mon être et qui s’identifie au jaillissement originel de la liberté qui est mienne". La liberté existe donc dans un projet fondamental; être libre, ce n’est pas choisir, mais avoir déjà choisi un type de rapport au monde. La liberté n’existe que dans un choix fondamental qui n’est pas réfléchi et qui consiste à adopter face au monde telle ou telle attitude. Elle est donc pure spontanéité, et ne suppose aucune délibération. C’est dans ma manière de me situer dans le monde qu’est ma liberté, et non pas dans une réflexion sur ce qui me détermine.

Vous pouvez également consulter l'introduction à la partie IIA du cours sur l'inconscient, pour approfondir la thèse sartrienne (l'introduction porte sur l'existentialisme).

Enfin, pour critiquer cette conception, cf. mon cours liberté et nécessité, surtout la partie sur Descartes.

NB : vous pouvez également vous servir de ces textes pour préparer le sujet suivant : "Etre libre, est-ce choisir ?". Vous vous demanderez en effet de quel type de choix il peut bien s'agir...


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